Pour rappel, les mutations PKD1 sont associées à des maladies évoluant plus précocement vers l'insuffisance rénale terminale qui apparaît généralement autour de 50-60 ans quand les mutations PKD2 sont associées à une maladie débouchant sur l'insuffisance rénale terminale bien plus tard, aux alentours de 80 ans. « La cohorte Genkyst, lancée en 2010 est le résultat de la collaboration de plus de 70 néphrologues de l’ensemble des centres publics, privés et associatifs de la région Grand Ouest, qui proposent à tous les patients atteints de PKRAD, quel que soit le stade de leur maladie rénale, d’être inclus dans l’étude. Cette cohorte, comportant à ce jour 2600 patients, permet de mieux comprendre la variabilité clinique de la PKRAD. »
PKD1 et PKD2 : la cohorte Genkyst met à jour des sous types génotypiques
Un premier travail du groupe Genkyst a permis de mettre en évidence dès 2013 la forte influence du type de mutation du gène PKD1. "On a en effet d'un côté des mutations tronquantes PKD1 (mutations conduisant à l’absence de synthèse de la protéine, ou synthèse d’une protéine plus courte) associées à une insuffisance rénale terminale précoce autour de 55 ans et d'un autre côté des mutations non tronquantes associées à des insuffisances rénales terminales apparaissant 15 ans plus tard, vers 67 ans". (1) explique Emilie Cornec-Le Gall.
"En 2016 nous avons mis au point et validé un score pronostique associant des facteurs cliniques et génétiques (PROPKD score) reconnu depuis internationalement, qui permet de stratifier le risque d’évolution vers l’insuffisance rénale terminale". (2,3)
"Par ailleurs au-delà du traitement non spécifique est venu s'ajouter récemment un traitement spécifique: le Tolvaptan. Ce nouveau traitement permet de ralentir le développement des kystes rénaux, mais au prix d'effets secondaires non négligeables. Il faut donc éviter de traiter les patients à faible risque d’évolution vers l’insuffisance rénale terminale", nuance le Dr Cornec le Gall (4-5).
Polykystoses PKD1-PKD2 (-) : mutations du gène GANAB et formes frustes
Un travail collaboratif avec la Mayo Clinic et d’autres centres nord-américains a conduit à l’identification du nouveau gène en 2016, GANAB (6). Au total plus de 300 familles sans mutation des gènes PKD1 et PKD2 ont été analysées, avec l’identification d’une mutation du gène GANAB chez 20 patients issus de 9 familles. "La présentation clinique des patients atteints de mutations du gène GANAB est bien différente de la polykystose classique. Le pronostic rénal est meilleur avec l’absence d’évolution vers l’insuffisance rénale terminale ; certains patients peuvent cependant présenter des polykystoses hépatiques sévères nécessitant une prise en charge chirurgicale, voire une transplantation hépatique."
D'après un entretien avec le Dr Emilie Cornec-Le Gall (CHU de Brest)
(1) E Cornec-Le Gall et al .Type of PKD1 mutation influences renal outcome in ADPKD. J Am Soc Nephrol. 2013. 24:1006-13
(2) E Cornec-Le Gall et al. The PROPKD Score: A New Algorithm to Predict Renal Survival in Autosomal Dominant Polycystic Kidney Disease.J Am Soc Nephrol. 2016 27:942-51.
(3) E Cornec-Le Gall et al. Can we further enrich autosomal dominant polycystic kidney diseaseclinical trials for rapidly progressive patients? Application of the PROPKD scorein the TEMPO trial. Nephrol Dial Transplant. 201; doi: 10.1093/ndt/gfx188
(4) VE Torres et al. Tolvaptan in patients with autosomal dominant polycystic kidney disease.N Engl J Med. 2012 Dec 20;367(25):2407-18
(5) VE Torres et al. Tolvaptan in Later-Stage Autosomal Dominant Polycystic Kidney Disease. N EJM. 2017;377:1930-42
(6) Porath B et al. Mutations in GANAB, Encoding the Glucosidase IIα Subunit, Cause Autosomal-Dominant Polycystic Kidney and Liver Disease. Am J Hum Genet. 2016 Jun 2;98(6):1193-1207
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024