Lactobacilles et pH différents

La flore vaginale varie avec l’ethnie

Publié le 17/12/2010
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D’APRÈS UNE ÉTUDE chez des femmes en âge de procréer issues de quatre communautés différentes, il semble bien que la composition de la flore vaginale varie selon l’origine ethnique. Alors que le pH était significativement plus élevé chez les Hispaniques (pH 5,0 ± 0,59) et Afro-américaines (pH 4,7 ± 1,04), il était plus bas chez les celles d’origines asiatique (pH 4,0 ± 0,59) et caucasienne (pH 4,2 ± 0,3). En analysant le séquençage génétique des prélèvements vaginaux, les chercheurs de Baltimore ont identifié cinq « profils bactériens » différents. Quatre étaient dominés par les Lactobacillus iners, L. crispatus, L. gasseri ou L. jensenii, alors que le cinquième comptait moins de bactéries à acide lactique et davantage d’organismes strictement anaérobies. Chaque profil était plus ou moins représenté dans chaque groupe ethnique. Le score de Nugent était donc plus ou moins élevé selon que la femme était d’origine caucasienne, afro-américaine, asiatique ou hispanique.

Le diagnostic de vaginose.

Les 396 femmes âgées de 12 à 45 ans (moyenne 30) ont participé à l’étude, afin de représenter de manière équitable quatre groupes ethniques : 98 Caucasiennes, 104 Afro-Américaines, 97 Asiatiques et 97 Hispaniques. Un premier prélèvement était destiné à évaluer la flore vaginale selon le score de Nugent, habituellement utilisé pour le diagnostic de vaginose ; le second devait déterminer la composition bactérienne. Ce dernier servait également à réaliser l’analyse phylogénétique via le séquençage des gènes 16S rARN.

Si l’on considère comme « sain » un pH < 4,5, de nombreuses femmes d’origine hispanique ou afro-américaine asymptomatiques auraient alors un pH pathologique, ce qui n’apparaît pas crédible. Selon les auteurs, il existerait pour chaque « profil bactérien » des interactions spécifiques entre les différentes espèces, qui aboutiraient au final à un équilibre. La variabilité de la flore vaginale en fonction de l’origine ethnique semble ainsi un élément important à prendre en compte pour évaluer le risque infectieux, poser le diagnostic et décider d’un éventuel traitement.

Proc Natl Acad Sci USA, édition avancée en ligne du 1er juin 2010.

 Dr G. B.

Source : Le Quotidien du Médecin: 8879