Cancers hématologiques : être enceinte lors du diagnostic ne diminue pas les chances de survie

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Publié le 24/10/2024
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La première étude du réseau français Hemapreg montre en revanche qu’il existe un risque plus élevé de complications obstétricales (prématurité) et maternelles (thromboembolies, transfusions, infections, etc.).

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Quels sont les risques associés à une grossesse lors du diagnostic d’une hémopathie maligne ? Le réseau Hemapreg apporte des réponses à ces situations complexes et rares dans une première étude publiée dans The Lancet Haematology. À la préoccupation majeure des patientes de savoir si la grossesse diminue leurs chances de survie, les chercheurs se veulent rassurants : être enceinte au moment du diagnostic n’impacte pas négativement la probabilité de survie à long terme. Cependant, les femmes font face à un risque accru de complications, qui renforcent « la prise en charge multidisciplinaire dans des centres hautement spécialisés », écrivent-ils dans un communiqué.

Pour cette première étude, le réseau s’est basé sur une cohorte nationale issue du système national des données de santé (SNDS) constituée de 413 patientes ayant présenté une hémopathie maligne en cours de grossesse et de 953 dans l’année qui a suivi entre 2012 et 2022. Les hémopathies les plus fréquentes étaient les lymphomes de Hodgkin (39,5 %), les leucémies aiguës (21,6 %) et les lymphomes B agressifs (11,6 %).

Un accouchement prématuré chez près d’une patiente sur deux

Hemapreg, coordonné par le Dr Rudy Birsen, hématologue à l’hôpital Cochin (AP-HP) est un réseau unique de chercheurs et de soignants, dont le but est de promouvoir la recherche fondamentale, translationnelle et clinique sur les hémopathies malignes en cours de grossesse. C’est le fruit d’une collaboration au sein du GHU AP-HP Centre -Université Paris Cité (services d’hématologie de l’hôpital Cochin, maternité Port Royal, centre régional de pharmacovigilance Cochin-Necker et unité de recherche clinique Cochin-Necker).

L’étude n’a pas mis en évidence de différences significatives en termes de survie globale entre les femmes diagnostiquées pendant la grossesse et celles diagnostiquées après. Mais par rapport aux femmes sans hémopathie, les patientes enceintes lors du diagnostic présentaient un risque accru de transfusions sanguines, d’infections graves et de complications thromboemboliques. Un taux plus élevé de naissances prématurées (45,2 %) a également été retrouvé par rapport aux femmes sans hémopathie (6,6 %). Les patientes les plus à risque de complications étaient celles avec une leucémie aiguë ou un lymphome agressif.

« Bien que notre étude ait fourni des résultats essentiels (…), il reste encore beaucoup à accomplir pour améliorer la prise en charge de ces patientes et de leurs enfants », écrivent les auteurs, citant en particulier la compréhension des mécanismes sous-jacents aux complications observées et l’identification de stratégies de traitement optimales pour la mère et l’enfant. Dans cette perspective, l’équipe travaille à l’élaboration de l’étude Gaia, qui vise à évaluer les conséquences à court et long terme sur l’enfant et à mieux comprendre l’impact des traitements et des complications obstétricales sur sa santé, afin de pouvoir émettre des recommandations pour la prise en charge de la grossesse.


Source : lequotidiendumedecin.fr