Est-il possible de faire l’imagerie de pointe dans le secteur libéral ? « Je m’étonne encore qu’on puisse se poser la question. Oui, bien sûr, c’est tout à fait faisable de faire de la radiologie de haute technologie en secteur libéral. Cela demande juste de l’organisation, un engagement humain fort et la volonté de ne pas s’inscrire dans la recherche immédiate du profit et de la rentabilité », explique le Dr Laurent Macron, radiologue spécialisé dans l’imagerie cardiovasculaire au Centre cardiologique du Nord à Saint-Denis.
Cela fait plus de quinze ans que cette structure libérale, comprenant aujourd’hui 12 radiologues associés, réalise des scanners cardiaques. « Aujourd’hui, l’examen le plus classique en imagerie cardiovasculaire est le coroscanner. Il s’agit d’un examen qui demande un certain temps, d’abord au niveau de la préparation. Il faut voir le patient, parfois lui prescrire de bêtabloquants pour ralentir la fréquence cardiaque. Ensuite, cet examen nécessite un temps de mise en place, de réalisation et d’analyse assez long. La chaîne de soins est assez lourde », indique le Dr Macron.
Pour faire un coroscanner de qualité, il faut aussi un matériel performant. « Pour photographier le cœur rapidement, il faut avoir un matériel de haute technologie. C’est possible en libéral à condition d’avoir un partenariat fort avec les industriels. C’est de cette manière que nous avons pu, il y a deux ans, réaliser dans notre service la première installation d’un scanner américain de toute dernière génération », souligne le Dr Macron.
Le problème est que cet examen, long et réalisé avec un matériel coûteux, est aujourd’hui très mal côté par l’assurance-maladie. « La cotation est proche de celle d’un scanner thoracique. Il faut donc ne pas se projeter dans une logique de rentabilité immédiate pour développer de l’imagerie cardiovasculaire de pointe mais s’inscrire dans une dynamique tournée vers l’avenir. Aujourd’hui, en faisant ce type d’imagerie, une structure comme la nôtre rend service aux patients et permet d’orienter les diagnostics, d’améliorer les prises en charge tout en évitant un certain nombre d’examens inutiles. C’est quelque chose que nous pouvons faire valoir auprès des tutelles », indique le Dr Macron.
Ce dernier reconnaît que la situation économique est actuellement très contrainte, notamment dans le domaine de la radiologie. « Mais il ne faut pas baisser les bras. Il faut au contraire miser sur l’intelligence des tutelles pour leur faire comprendre tout l’intérêt de l’investissement humain et financier que nous faisons en développant cette imagerie de pointe dans le secteur libéral. Et les services que nous rendons aux patients. C’est de cette manière que nous pouvons espérer obtenir à terme de rémunérations plus justes pour ces examens de haut niveau ».
D’après un entretien avec le Dr Laurent Macron, radiologue spécialisé dans l’imagerie cardiovasculaire au Centre cardiologique du Nord à Saint-Denis
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