Alors que le passage du cyclone Chido a dévasté Mayotte, la ministre démissionnaire de la Santé Geneviève Darrieussecq a déclaré mercredi 18 décembre au micro de LCI qu’« il n'y a pas aujourd'hui de raison de penser que le choléra serait présent, mais bien sûr que c'est une inquiétude puisqu'il y avait du choléra le printemps dernier, jusqu'au mois de juillet », a rapporté l’AFP (cf. encadré). « Nous faisons bien sûr des réserves de vaccins (...) afin de pouvoir les déployer si nécessaire », a-t-elle ajouté.
En 2024, Mayotte est le seul territoire européen à avoir enregistré des cas de choléra (suspectés ou confirmés), avec 221 cas et deux décès, selon un rapport de l’OMS publié mercredi.
Entre le 1er janvier et le 24 novembre 2024, 733 956 cas de choléra et de diarrhée aqueuse aiguë et 5 162 décès ont été rapportés dans 33 pays de toutes les régions de l'OMS, à l’exception de la région Pacifique occidental. Dans un rapport paru en janvier 2024, l’OMS rapportait, au 15 décembre, plus de 667 000 cas et 4 000 décès, des chiffres qui dépassaient déjà ceux de 2022.
La région Méditerranée orientale est celle qui compte le plus grand nombre de cas (554 434 cas), suivie de la région Afrique (150 156 cas), de la région Asie du Sud-Est (18 589 cas), de la région Amériques (10 556 cas) et de la région Europe (221 cas à Mayotte). C’est toutefois la région Afrique qui enregistre le plus de décès (2 853), devant la région de Méditerranée orientale (2 093), la région Amériques (162 décès), la région Asie du Sud-Est (52 décès) et la région Europe (deux décès).
Par ailleurs, le nombre de cas rapportés en novembre 2024 est supérieur de 37 % à celui de novembre 2023, tandis que le nombre de décès est supérieur de 27 %. Cette augmentation est « largement due aux données actualisées du Yémen », précisent les auteurs, qui soulignent par ailleurs que l’ensemble des données sont à interpréter avec prudence « en raison d'une éventuelle sous-déclaration et de retards de déclaration ».
« Des facteurs tels que les conflits, les déplacements massifs de population, les catastrophes naturelles et le changement climatique ont intensifié les épidémies, en particulier dans les zones rurales et les zones touchées par les inondations, où le manque d'infrastructures et l'accès limité aux soins de santé retardent le traitement, lit-on dans le rapport. Ces dynamiques transfrontalières ont rendu les épidémies de choléra de plus en plus complexes et difficiles à contrôler. »
Malgré des efforts, des campagnes de vaccination préventive entravées
Le mois de novembre a connu son niveau le plus élevé de production mensuelle de vaccins oraux contre le choléra depuis la création du stock mondial en 2013, permettant d’atteindre un stock de 3,5 millions de doses contre 600 000 en octobre, « proche des 5 millions de doses nécessaires à la constitution d'un stock d'urgence disponible à tout moment pour une réponse efficace aux épidémies, notent les auteurs. Toutefois, l'augmentation de la production n'a pas permis de répondre à la demande mondiale croissante. Cette pénurie persistante continue d'entraver les efforts visant à contrôler les épidémies de choléra et à réagir rapidement à la propagation de la maladie. »
Depuis le début de l'année 2024, 23 campagnes de vaccination réactives – en réponse à des flambées de choléra – ont permis de cibler 31 millions de personnes dans 10 pays (Comores, Éthiopie, Ghana, Mozambique, Birmanie, Niger, Nigeria, Somalie, Soudan du Sud, Soudan, Zambie et Zimbabwe). « Compte tenu du contexte actuel des épidémies et de la disponibilité limitée des vaccins, seuls les vaccins à dose unique ont été validés et utilisés dans le cadre de ces campagnes réactives », est-il indiqué. Le déploiement de campagnes de vaccination préventives est en revanche entravé par le nombre limité de vaccins.
« Ce stock mondial limité met en évidence le besoin urgent d'augmenter la production et d'améliorer la gestion stratégique des stocks afin de répondre efficacement aux besoins en matière de vaccination réactive et préventive », avancent les auteurs.
Le Groupe spécial mondial de lutte contre le choléra (Global Task Force on Cholera Control, GTFCC) a publié des recommandations actualisées à destination des pays sur la surveillance du choléra.
Du Yémen à Mayotte, le parcours d’une souche hautement résistante aux antibiotiques
Des chercheurs de l’Institut Pasteur, en collaboration avec le centre hospitalier de Mayotte, ont montré qu’une souche résistante à dix antibiotiques, dont deux des trois recommandés pour le traitement du choléra (azithromycine et ciprofloxacine), identifiée pour la première fois au Yémen lors de l'épidémie de choléra de 2018-2019, s’est propagée au Liban en 2022, au Kenya en 2023 et en Tanzanie et aux Comores (dont Mayotte) en 2024. C’est cette souche hautement résistante aux antibiotiques qui a causé l’épidémie de choléra à Mayotte entre mars et juillet.
Ces résultats, qui s’appuient sur l’étude des génomes bactériens, ont récemment été publiés dans The New England Journal of Medicine.
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