Les premiers résultats de Discovery, un essai clinique à 5 bras destiné à tester quatre traitements contre le Covid-19 par rapport aux soins standards, seront connus vers le 15e jour de l’étude. Néanmoins, il faudra davantage de temps pour qu’ils soient analysés et que des données suffisantes permettent de démontrer la supériorité d’un bras sur l’autre.
L’essai clinique Discovery a débuté le 22 mars avec l’inclusion des premiers patients à l’hôpital Bichat à Paris et au CHU de Lyon. « À terme, 800 patients doivent être inclus en France et 3 200 en Europe, en Belgique, Hollande, Allemagne, Espagne, Luxembourg et probablement Royaume-Uni », a expliqué en conférence de presse (virtuelle) le Pr Florence Ader, spécialiste en maladies infectieuses à l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, en charge du recrutement des patients.
Un essai monté « en temps record »
« L’équipe qui a monté le protocole de l’étude a travaillé en un temps record depuis le 1er mars pour que l’essai puisse avoir lieu », a-t-elle souligné. Pour le moment, en France, cinq hôpitaux sont concernés : l’hôpital Bichat à Paris et les CHU de Lille, Nantes, Strasbourg et Lyon. « Les hôpitaux retenus sont ceux qui ont les moyens et la logistique pour implémenter les données en temps réel. Le but est d’obtenir des datas le plus rapidement possible », a indiqué le Pr Ader.
« Cet essai randomisé vise à tester quatre traitements qui ont une activité sur le SARS-Cov2. Nous allons colliger les résultats au jour le jour afin d’avoir des paramètres pour comparer leur efficacité et leur tolérance », poursuit le Pr Bruno Lina, virologue au CHU de Lyon.
Parmi les traitements étudiés, on retrouve le remdesivir, un antiviral conçu initialement pour Ebola, mais qui a un spectre d’action plus large et pourrait bloquer la réplication de ce coronavirus. « Nous avons des résultats in vitro très bon avec cette molécule », a noté le Pr Lina.
Patients graves hospitalisés
Le second traitement est une association de lopinavir-ritonavir, utilisé habituellement pour le VIH. « Un premier essai (N.D.L.R. : négatif) a été réalisé en Chine et notre étude est complémentaire », a souligné le Pr Lina. Le troisième traitement ajoute à ces molécules l’interféron bêta, afin de tenter de bloquer le syndrome inflammatoire qui apparaît dans un second temps lors d’une infection avec le coronavirus.
Enfin, l’hydroxychloroquine a été ajoutée à l’essai à la demande de l’OMS et de l’État. « Le but est de sélectionner les meilleures molécules pour les mettre à disposition des patients le plus rapidement possible. Notre essai est en temps réel et adaptatif. Quand une molécule montrera trop peu d’efficacité, elle pourra être abandonnée et nous pourrons basculer potentiellement sur d’autres molécules candidates », a détaillé le Pr Ader.
Les traitements dans « des délais extrêmement rapides »
Concernant l’inclusion, elle concernera des patients hospitalisés avec des signes respiratoires, en particulier une pneumonie. « C’est sur ces malades que nous avons besoin d’être proactifs sur les traitements. Les patients qui ont de petits symptômes qui peuvent être soignés à la maison ne sont pas éligibles, a indiqué le Pr Lina. Les patients inclus dans l’étude recevront les traitements dans des délais extrêmement rapides, car cela semble un facteur important dans cette maladie ».
La première évaluation clinique aura lieu au 15e jour. « Nous aurons une vague de premiers résultats dans les semaines à venir, mais il faudra rester très prudents et laisser les scientifiques travailler pour que soient analysées suffisamment de données pour prouver la supériorité d’un bras sur un autre », a mis en garde le Pr Lina. En attendant, il déconseille aux médecins de prescrire ces molécules et recommande « beaucoup de prudence autour de ces produits qui n’ont pas été évalués ».
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