Syndrome de l’intestin irritable et SIBO

Les antibiotiques bénéfiques sur les ballonnements

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Publié le 13/11/2020
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Deux études conduites dans le syndrome de l’intestin irritable (SII) et le SIBO se sont focalisées sur les ballonnements. Des cures de rifaximine permettraient de soulager durablement ces symptômes en cas de SII avec diarrhées. Dans le SIBO, l’alternance des antibiotiques ferait mieux qu’un antibiotique unique pour améliorer les ballonnements et la qualité de vie.
Les ballonnements touchent près de 60 % des patients atteints de SII avec diarrhée et mixtes

Les ballonnements touchent près de 60 % des patients atteints de SII avec diarrhée et mixtes
Crédit photo : Phanie

Les ballonnements sont l’un des symptômes les plus fréquents, touchant près de 60 % des patients atteints des formes de SII avec diarrhée et mixtes.

La rifaximine efficace ?

Il a été démontré qu’un traitement de deux semaines de rifaximine, antibiotique non absorbé, pouvait améliorer les symptômes du SII avec diarrhées (SII-D) par rapport au placebo (prescription hors AMM). Une analyse post hoc de trois essais de phase 3 (TARGET) [1] a examiné plus en détail l’efficacité de la rifaximine vis-à-vis des ballonnements, évalués quotidiennement par le patient sur une échelle de zéro (pas du tout) à six (beaucoup). Les adultes atteints de SII-D ont été randomisés pour recevoir de la rifaximine en double aveugle (550 mg trois fois par jour) ou un placebo pendant deux semaines, suivi d’une période de quatre semaines sans traitement. L'analyse a inclus 1 894 patients atteints de SII-D. Par rapport au placebo, une amélioration significative a été obtenue avec la rifaximine, de 10 à 6 points en moyenne. De même, significativement plus de patients répondaient à la rifaximine lorsque la réponse était définie comme une diminution ≥ 1 point (47,8 % vs 38,6 % ; p < 0,0001) ou ≥ 2 points (23,3 % vs 17,8 % ; p = 0,003) du score de ballonnement hebdomadaire moyen pendant au moins deux des quatre premières semaines après le traitement. Une réponse de ballonnement durable (lors des six semaines supplémentaires de suivi) a été obtenue chez significativement plus de patients sous rifaximine pour les répondeurs ≥ 1point (36,4 % vs 28,9 % ; p < 0,001) et ≥ 2 points (16,1 % vs 12,3 % ; p = 0,02). En résumé, la rifaximine a permis une amélioration durable des ballonnements chez les adultes atteints du SII-D mais avec des posologies très élevées (550 mg 3 fois/jour), bien plus qu’en pratique courante.

Pour une rotation des antibiotiques dans le SIBO

Une étude monocentrique française (2) suggérait que l’alternance d’antibiotiques (quinolone et azolés) était plus efficace que le traitement antibiotique unique pour induire une rémission de la pullulation microbienne du grêle (SIBO pour Small intestinal bacterial overgrowth). Cette rémission était associée à une amélioration de la qualité de vie et des ballonnements.

Le traitement du SIBO est instauré après des tests respiratoires au glucose ou au lactulose, la mesure de l’hydrogène expiré étant le témoin du niveau de pullulation bactérienne. Il est généralement fondé sur des antibiotiques, mais sans consensus disponible, d’où les recherches actuelles. Ici, deux protocoles ont été comparés de manière rétrospective (patients reçus entre août 2005 et février 2020) : soit un antibiotique unique (quinolone ou azolé), soit un traitement antibiotique rotatif (alternant quinolone et azolés) dix jours consécutifs par mois pendant trois mois. 223 patients ont été inclus (79,8 % de femmes, âge moyen 50,2 ± 15,7 ans). Une rémission (test respiratoire négatif) a été observée chez 104 patients (46,6 %) après une cure d'antibiotiques. Elle était plus fréquente en cas de rotation d'antibiotiques que d'antibiotique seul (70 % vs 50,8 %, p = 0,05). La rémission était associée à une amélioration significative du score GIQLI de qualité de vie et des ballonnements. Des études randomisées devront confirmer ces résultats et comparer les antibiotiques en alternance à la rifaximine dans le SIBO.

(1) Abstract P0789 
(2) Abstract P0256

Hélène Joubert

Source : Le Quotidien du médecin