LE QUOTIDIEN. Quelles ont été les répercussions de l’épidémie de Covid-19 sur l’activité des CLCC ?
Pr JEAN-YVES BLAY. Nous avons observé, de façon assez logique, une baisse de l’arrivée de nouveaux patients. Du fait de notre spécificité, cette baisse a été moins importante dans nos centres que dans les autres hôpitaux. Mais au vu des chiffres observés, on peut estimer que cette crise sanitaire risque de provoquer, à cause des retards dans les consultations, un excès de mortalité allant de 1 000 à 6 000 décès par cancer supplémentaires en France au cours des prochaines années.
Les CLCC prennent en charge environ 20 % des patients traités pour un cancer en France. Durant la crise sanitaire, ils ont continué à tourner à plein régime. Même si nous avons accueilli de nombreux patients atteints d’un cancer et touchés par le Covid-19 dans des unités spécifiques, nous n’avons jamais été débordés par l’afflux de patients atteints du SARS-CoV-2, comme cela a pu être le cas dans de nombreux CHU par exemple. En raison de cet afflux, certains hôpitaux n’ont d’ailleurs pas toujours pu maintenir toutes leurs consultations de cancérologie. Nos centres ont donc parfois accueilli ces patients, qui ne pouvaient plus consulter dans ces hôpitaux et sont venus chez nous pour être opérés ou pour suivre leur chimiothérapie.
Comment avez-vous pu mesurer l’impact de la crise sanitaire ?
Parmi les 18 CLCC, 17 ont participé à une étude menée par Unicancer. Selon cette étude, le nombre de patients accueillis dans ces centres a baissé de - 6,8 % sur les sept premiers mois de 2020 par rapport à la même période en 2019. Cette chute de la fréquentation a même atteint -21 % durant les mois d’avril et mai 2020, période du premier confinement, particulièrement strict. Cette baisse a concerné de manière très majoritaire les nouveaux diagnostics de cancer. Quant à l’activité clinique habituelle pour les patients diagnostiqués avant la crise sanitaire, elle a connu une hausse de 4 % par rapport à 2019. Globalement, les CLCC ont donc connu une baisse d’activité de seulement – 0,9 % sur l’année 2020.
Quels ont été les cancers les plus touchés par les retards de diagnostic ?
Ils ont surtout concerné des cancers découverts à l’occasion d’un dépistage, comme ceux du sein ou du côlon. Ces retards ont été moins importants pour les cancers qui étaient tellement graves que les gens étaient obligés de venir. De manière générale, on a tous vu dans les mois suivants davantage de pathologies diagnostiquées à un stade plus avancé, avec des tumeurs un peu plus grosses.
Concernant les patients atteints de cancer et infectés par le coronavirus, qu’avez-vous pu observer ?
La mortalité à 28 jours chez ces patients a été incroyablement élevée puisqu’elle a oscillé entre 10 et 40 %, contre 2 % en population générale. Nous avons constaté une évolution au fil des mois. Durant la première vague de l’épidémie de Covid-19, cette mortalité était d’environ 20 % dans nos centres alors que dans les mois suivants, elle a chuté à 8-9 % grâce à une prise en charge plus adéquate. Par exemple, le centre Léon Bérard (Lyon) a accueilli une centaine de patients atteints par le Covid-19 dans les six premiers mois de l’épidémie.
Par contre, l’engagement des patients atteints de cancer dans la vaccination a été très précoce et large. Nos patients ont été massivement vaccinés et de manière rapide, avec un résultat notable. Cette vaccination se révèle très efficace pour faire chuter la mortalité et limiter le nombre de formes de Covid-19.
Et aujourd’hui, comment évolue l’activité dans les centres ?
L’épidémie de Covid-19 n’est pas terminée mais les CLCC ont retrouvé un rythme d’activité très soutenu. Chaque année, les centres connaissent une hausse d’activité de + 2 à 4 %. Sur 2021, on a le sentiment d’avoir retrouvé cette hausse habituelle de + 2 à 4 %, et d’avoir aussi récupéré les + 2 à 4 % de l’année dernière. Aujourd’hui, on est tous pieds au plancher !
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