Les nouvelles recommandations du Haut Conseil de la santé publique, publiées dans le « Bulletin épidémiologique hebdomadaire » (BEH) du 9 juin, tiennent compte d’un double constat. Au niveau international, l’optimisme est de mise, écrivent Éric Caumes, président du Comité des maladies liées aux voyageurs et des maladies d’importation du HCSP, et Daniel Camus, le vice-président. Selon les données du rapport 2015 de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur la situation du paludisme dans le monde, le nombre de cas (198 millions) et de décès liés au paludisme (584 000), bien qu’impressionnants, a chuté respectivement de 30 % et 47 % depuis 2000. Quelque 55 pays ont même accusé une baisse de 75 %.
Augmentation des cas importés en France
En revanche, en France métropolitaine, l’année 2014 est marquée par l’augmentation des cas de paludisme importés, dans la tendance de 2013. Un total de 2 299 cas de paludisme a été déclaré au Centre national de référence (CNR) en 2014. Deux cas sont des paludismes présumés autochtones, aéroportuaires. Et 4 370 cas d’importation ont été estimés pour la France métropolitaine, soit une augmentation de 8 % par rapport à 2013.
Les pays de contamination sont situés à 96 % en Afrique subsaharienne. Les cas ont été observés à 76,5 % chez des sujets d’origine africaine, résidant en France ou arrivant d’Afrique.
Les autres pays de contamination sont la Côte d’Ivoire et le Cameroun, où on observe une tendance à l’augmentation (+ 22 % et + 14 %). Les cas en provenance du Mali sont en diminution de 10 %, du fait d’une baisse des cas chez les militaires. En revanche, les cas en provenance de République centrafricaine augmentent de 69 %, en lien avec l’envoi de troupes françaises. Il n’y a eu qu’un seul cas de paludisme d’importation au retour des Comores (contre 53 en2013).
Onze décès ont été déclarés, soit une létalité de 0,48 % sur l’ensemble de cas et de 3,7 % sur les formes graves (311).
Les nouvelles recommandations, qui s’adressent spécifiquement aux voyageurs et non aux résidents, tentent de traduire cette dualité « en évitant d’une part une surévaluation "sécuritaire" du risque pouvant aboutir à des prescriptions superflues pour le voyageur avec un risque d’exposition non justifié à des effets indésirables des antipaludiques, des dépenses inutiles et des conséquences au retour telles que l’exclusion à la participation au don du sang et d’autre part, une sous-évaluation "laxiste" pouvant conduire à une perte de chance pour le voyageur ».
Moduler les prescriptions en fonction du séjour
« Le non-respect des recommandations de prévention est à l’origine de la plupart des cas de paludisme d’importation étudiés », lit-on. Les prescripteurs d’une chimioprophylaxie et de mesures de protection personnelle anti-vectorielle (PPAV) doivent les moduler en fonction de la durée et des modalités du séjour, du type d’activité, des antécédents médico-chirurgicaux et du budget du voyageur.
En l’absence d’évolution des chimiorésistances aux antipaludiques en 2014, les recommandations de chimioprophylaxie du paludisme restent en adéquation avec les recommandations internationales. La répartition des pays en trois groupes est supprimée pour s’y conformer davantage et la recommandation d’une protection « soirée ou nuitées » est introduite pour certaines zones. En l’absence de transmission de paludisme, aucune chimioprophylaxie n’est recommandée, mais une PPAV peut l’être si la région n’est déclarée indemne du paludisme que depuis moins de 3 ans.
Des contrôles post-thérapeutiques tardifs sont recommandés pour des médicaments en traitement curatif à longue demi-vie d’élimination (méfloquine, atovaquone-proganil et artéméther-luméfantrine). Le HCSP rappelle qu’il recommande l’artésunate injectable comme traitement de première intention des formes graves du paludisme chez l’enfant et l’adulte. Ce traitement est disponible dans le cadre d’une ATU nominative délivrée par l’Agence nationale de sécurité du médicament.
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