Si le retour sur expérience (RETEX) organisé par la DGS mercredi 20 janvier a vu poindre des critiques concernant la prise en charge des impliqués et des familles de victimes, les louanges ont en revanche plu sur le niveau de préparation du SAMU et de la brigade des sapeurs-pompiers de la ville de Paris (BSPP). C’est ce que confirme Patrick Pelloux (hôpital Necker) présent lors du RETEX : « Il y a un consensus autour du fait que les pompiers, les services de police et les urgentistes ont fait un travail héroïque et admirable », explique l’urgentiste.
Les services d’urgence se préparent depuis deux ans à un événement comme celui du 13 novembre dernier, et ont appris auprès des techniques de damage contrôle hérités du service de santé des armées (SSA) (cf. Le Quotidien du Médecin du 19 novembre 2015). Des axes d’amélioration ont toutefois été évoqués, à commencer par la constitution d’un commandement unifié police/SAMU/BSPP en cas d’une nouvelle attaque de grande ampleur.
« Il y a eu trop de pertes de temps entre les différents acteurs, reconnaît Patrick Pelloux, il faut les rassembler physiquement et améliorer le réseau ANTARES (Adaptation national des transmissions aux risques de et aux secours, réseau numérique des services publics qui concourent aux missions de sécurité civile). » Lors d’une audition devant la commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale du 24 novembre 2015, le médecin général Debonne (SSA) et le général Boutinaud (BSPP) ont insisté sur le besoin de sécurisation des communications entre les différents services pour éviter la confusion. Ils ont également dénoncé l’insuffisance des moyens matériels, notamment en ce qui concerne le nombre de brancards, de trousses de damage control et d’engins de secours.
Les membres du RETEX se sont accordés sur le besoin d’élargir l’entraînement des personnels de santé aux techniques de damage control et de tri des patients. « Il faut former le plus de monde possible, nous sommes dans une situation de guerre », affirme le Dr Pelloux.
En ouverture du RETEX, la ministre de la Santé a affirmé sa volonté « d’amplifier » les exercices préparatoires. Un exercice santé est d’ailleurs programmé pour le mois de février, pour tester la chaîne de commandement et le caractère opérationnel des plans blancs. Un exercice commun avec tous les ministères concernés est également prévu le 17 mars prochain, à Nîmes. Le but est de mesurer le délai nécessaire pour rassembler des moyens et des équipes en cas d’attaque en dehors de la région parisienne. Le 26 mars, une grande journée citoyenne de formation et de sensibilisation aux actes à connaître en cas d’attentat doit, par ailleurs, avoir lieu.
La gestion des rumeurs est également au menu. « Il faut dissiper les rumeurs afin d’éviter une dispersion des moyens et demander des informations précises aux différents appelants afin d’infirmer ou de confirmer les informations », ont rappelé le médecin général Debonne et le général Boutinaud lors de leur audition.
Les réflexions livrées lors du RETEX doivent donner lieu à un rapport et un plan d’action d’ici un mois. Certaines des dispositions qu’ils contiendront ne sont pas destinées à être rendues publiques. « Il ne faut pas donner des billes aux djihadistes pour qu’il puisse tuer un grand nombre de personnes », explique le Dr Pelloux.
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