Face à « l'approvisionnement actuellement limité en vaccins » contre la variole du singe, l’Agence européenne des médicaments (EMA) a autorisé le 19 août les injections intradermiques du vaccin actuellement disponible, Imvanex. Cette technique qui n’utilise qu’un cinquième de la dose injectée en sous-cutanée doit permettre « de vacciner cinq fois plus de personnes avec les stocks de vaccins dont nous disposons », a indiqué la commissaire européenne en charge de la santé, Stella Kyriakides.
La décision de l’EMA s’est appuyée sur les données d'un essai clinique de phase 2 (environ 500 adultes) où le vaccin Imvanex a été injecté en 2 doses avec un intervalle de 4 semaines en intradermique ou en sous-cutané. « Les personnes recevant le vaccin par voie intradermique ont reçu un cinquième (0,1 ml) de la dose sous-cutanée (0,5 ml) mais ont produit des niveaux d'anticorps similaires à ceux qui ont reçu la dose sous-cutanée la plus élevée », relève l'analyse de l’EMA.
L’agence souligne un risque « plus élevé » de réactions locales comme des « des rougeurs plus durables et un épaississement ou une décoloration de la peau » après des injections intradermiques et préconise que « seuls les professionnels de santé expérimentés » dans ce type d’injections ne soient autorisés à les pratiquer.
Optimiser le nombre de doses disponibles
Pour l’heure, « aucune information n'est disponible sur le nombre maximal de doses de 0,1 ml pouvant être retirées de la présentation autorisée (suspension de 0,5 ml) », précise l’EMA, recommandant l'utilisation de seringues à faible volume « pour optimiser le nombre de doses » extraites.
L’Agence laisse le soin aux autorités nationales de décider « à titre de mesure temporaire » d'utiliser Imvanex en injection intradermique à une dose plus faible « pour protéger les personnes à risque (…) alors que l'approvisionnement en vaccin reste limité ».
En France, la stratégie vaccinale a d’abord été réactive en post-exposition et proposée aux contacts des cas confirmés. Depuis début juillet, elle est ouverte en prévention pré-exposition aux hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), aux personnes trans déclarant des partenaires sexuels multiples, aux travailleurs du sexe et aux professionnels exerçant dans les lieux de consommation sexuelle. La seule population cible des HSH ayant plusieurs partenaires au cours des six derniers mois est estimée à « environ 250 000 personnes » par la Haute Autorité de santé (HAS).
Pour mener cette campagne, 189 lieux de vaccination ont été ouverts, dont certains dans des pharmacies à titre expérimental. Début août, le ministère de la Santé a également annoncé un allongement de l’intervalle entre deux doses de 28 jours à plusieurs semaines pour les personnes non immunodéprimées, suivant ainsi un avis de la HAS. Au 17 août, 43 767 doses avaient été administrées, indique le ministère, et 103 000 doses de vaccin livrées, selon Santé publique France (SPF).
Une stratégie vaccinale critiquée
Sur le terrain, le rythme de cette campagne de vaccination est jugé trop lent. Des associations, dont Act-Up Paris, Aides et Sidaction, appellent à une accélération. « Au rythme actuel, toutes les personnes éligibles » seront vaccinées seulement « fin décembre, et avec une seule dose », l'épidémie sera alors « hors de contrôle », alertent-elles. Un rythme de 37 000 vaccinations hebdomadaires aurait été nécessaire, selon elles, pour permettre la vaccination avant la fin de l'été de l'ensemble du public jugé à risque de contamination.
De son côté, l’Académie de médecine invite à reprioriser les cibles de la campagne vaccinale. « À défaut d’un réapprovisionnement rapide pour une vaccination plus large, il est probable que la campagne nationale ne parviendra pas à endiguer la progression épidémique actuelle de variole du singe », tranche-t-elle dans un communiqué publié le 20 août.
Pour « éviter une pénurie de doses », elle propose de « prioriser la vaccination post-exposition » en réservant le schéma vaccinal en 2 doses espacées de 28 jours aux personnes à risque de formes graves (malades immunodéprimés et personnes vivant avec le VIH) et en limitant « provisoirement » le protocole vaccinal pré- ou post-exposition à la première dose de vaccin. La vaccination peut également être différée chez les personnes précédemment vaccinées contre la variole, sauf chez les personnes à risque de formes graves.
Cette stratégie « privilégiant la prévention des formes graves » ne pourra cependant « pas interrompre la circulation du virus », avertit l’Académie. Elle invite les personnes à risque à respecter les principes du « safe sex », incluant « un autodépistage des éruptions cutanées et muqueuses, en utilisant le préservatif (recommandé pendant 8 semaines après la disparition des symptômes), en réduisant le nombre de partenaires ou en pratiquant une abstinence temporaire », liste-t-elle, préconisant également un soutien aux réseaux communautaires pour l’information et la prévention.
Au 18 août en France, 2 889 cas de variole du singe ont été recensés par SPF. Si ce sont majoritairement des HSH, 34 femmes et 7 enfants ont aussi été contaminés. En fin de semaine dernière, le nombre de nouveaux cas hebdomadaires enregistrés diminuait légèrement par rapport à la semaine précédente (216 contre 250), sans que SPF ne conclue à un ralentissement de l'épidémie.
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