Au sein d’un labo INSERM

Les lycéens à l’assaut de la science

Publié le 20/10/2010
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ILS SONT ENVIRON 1 000 lycéens à découvrir, chaque année, ce que cache le mot recherche. L’expérience s’adresse aux jeunes de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, en particulier de 1re et de terminale scientifiques, mais aussi de seconde des lycées en zone d’éducation prioritaire. Durant trois jours, en immersion dans un laboratoire de recherche de l’Institut de neurobiologie de la Méditerranée (INMED) sur le campus de Marseille-Luminy, ils apprennent tous ensemble, par classe, les mécanismes de la science.

« L’idée m’est venue lorsque j’étais enseignant-chercheur (en neurobiologie) et que j’encadrais des travaux pratiques (TP). Je trouvais qu’on enseignait la recherche à l’envers : on donnait les résultats avant et les TP se transformaient en recette. Il s’agissait plus d’exercer l’habileté manuelle que la réflexion », remarque Constance Hammond, aujourd’hui directrice de recherche à l’INSERM et présidente de l’association Tous chercheurs (touschercheurs.fr). C’est dans le cadre de cette association que ce programme de stages a été mis en place en 2004 avec l’ambition de communiquer la passion de la recherche, dans la lignée de l’opération « La main à la pâte » lancée par le Nobel de physique Georges Charpak pour les élèves du primaire.

Chaque classe participante est divisée en groupe de huit élèves maximum, sous la responsabilité d’un tuteur, de préférence un étudiant en thèse pour privilégier un enseignement de proximité. « Il y a un très bon échange avec les lycéens : c’est une forme de compagnonnage », décrit Constance Hammond. Les projets de recherche en herbe correspondent tous à des sujets inscrits dans les programmes scolaires. Vient ensuite le temps des expériences puis des résultats qui seront soumis à interprétation mais pas à notation.

L’envie d’apprendre.

« Nous ne cherchons pas à savoir qui raisonne le mieux. Nous voulons juste susciter l’envie d’apprendre », précise la neurobiologiste. Comme pour tout projet de recherche, les élèves produisent à la fin un poster devant une assemblée de camarades et de chercheurs. Si le but de la manœuvre n’est pas forcément de « remplir les amphis de sciences », il est en revanche de former des « citoyens éclairés, capables de comprendre les avancées de la science et de gérer leur santé » et, plus prosaïquement, d’inciter les élèves à travailler en équipe et de leur faire comprendre que le résultat du groupe est souvent meilleur que celui de l’individualité.

« C’est étonnant de voir comment chacun d’entre eux trouve sa place »: l’un préférera manipuler, le deuxième proposer des pistes, le troisième débattre ou exposer, le quatrième vérifier, etc. De terre inconnue, l’université devient, par ailleurs, accessible : les plus motivés poursuivront généralement leurs études sur le campus qu’ils connaissent, quitte à constater plus tard que « le labo est mieux équipé que l’université », souligne Constance Hammond en souriant.

Depuis six ans, le succès de ces stages, gratuits sur demande des professeurs, ne se dément pas. Ils ont d’ailleurs retenu l’attention du ministère de la Jeunesse dans le cadre du Fonds dédié à l’expérimentation sociale (expermimentationsociale.fr) et ont bénéficié d’une publication dans la revue « PloS Biology »*. Last but not least, ils sont également proposés aux associations de malades afin de « faire mieux comprendre leur pathologie aux malades et favoriser le dialogue patients/ médecins/ chercheurs ». Un seul bémol: en six ans, l’expérience n’a pas été reprise par d’autres campus, regrette Constance Hammond, sans toutefois manquer d’espoir.

* http://www.plosbiology.org/article/info:doi/10.1371/journal.pbio.1000447.

STÉPHANIE HASENDAHL
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Source : Le Quotidien du Médecin: 8840