En six minutes et 39 secondes, le message vidéo de Geneviève Darrieussecq, ministre de la Santé et de l’accès aux soins, diffusé ce mercredi 20 novembre lors de la plénière d'ouverture du 24e congrès du Collège national des enseignants généralistes (CNGE) à Strasbourg, n'a sans doute pas su convaincre les quelque 3 000 congressistes présents. « C’était creux, il n’y avait rien. C’était un discours sans ambition et sans aucune annonce concrète pour la profession malgré l’urgence de statuer sur les modalités de la quatrième année de médecine générale, déplore un généraliste enseignant rencontré sur place. On navigue clairement à vue… » « Le fond du message est bien en deçà des attentes des enseignants, des maîtres de stage, des internes et même des patients qui ont besoin d’être fixés sur cette quatrième année », abonde un autre enseignant en médecine générale, lui aussi dubitatif.
Reconnaissance envers les généralistes enseignants
Dans son message, pourtant, Geneviève Darrieussecq a multiplié les marques de reconnaissance envers les généralistes enseignants, en première ligne dans la formation des jeunes pousses. « C'est bien grâce à vous que sont formés les professionnels de la médecine générale d'aujourd'hui et de demain », a insisté la ministre, soulignant le rôle central de la médecine générale dans les soins primaires et de proximité.
Au fil de son discours, la ministre de la Santé a salué l’engagement croissant des généralistes enseignants dans la formation à la maîtrise de stage, dans un contexte d’augmentation des effectifs étudiants. « Je tiens à souligner l’engagement remarquable de la profession pour former davantage de maîtres de stage, avec 13 900 praticiens agréés aujourd’hui. Vous pouvez vous féliciter d’être parvenus à de tels résultats. Et je crois qu’il faut ainsi poursuivre », a-t-elle lancé.
Elle a profité de cette occasion pour rappeler les efforts entrepris (depuis 2019 et la « suppression » du numerus clausus) pour former davantage de médecins. « Nous atteindrons le pic des 11 000 internes l’année prochaine. Dans les années 1990, seules 3 500 places étaient ouvertes chaque année », s’est-elle félicitée, précisant que le nombre de postes d’internes réservés à la médecine générale dépassait désormais les 40 %.
Pas de mesures coercitives, pour l’instant
En qui concerne justement le nouveau DES de médecine générale en quatre ans, la ministre de la Santé a tenté de rassurer sur les objectifs et la souplesse de cette réforme. « Avec votre soutien et par des mesures incitatives d'ampleur, nous aiderons les internes à s'engager dans les territoires qui manquent aujourd'hui de professionnels de santé (…) mais nous pouvons déjà être rassurés par la qualité de l’encadrement. En témoigne l’enquête qui a été menée par vos soins : plus de 30 % des maîtres de stage exercent dans des zones d’intervention prioritaire. Plus de 50 % exercent dans des zones d’actions complémentaires. » Un message que le Pr Olivier Saint-Lary, président du CNGE, a trouvé plutôt rassurant : « Elle semble écarter la coercition, c’est déjà un signe positif ! »
Geneviève Darrieussecq a aussi plaidé pour un renforcement de la recherche en médecine générale. « La discipline universitaire est encore jeune mais nous devons renforcer sa portée internationale », a-t-elle souligné, promettant le soutien des ministères de la Santé et de la Recherche à travers des appels à projets dédiés.
Au final, ce message vidéo, bien qu’attentionné, aura laissé les congressistes sur leur faim. Pour la communauté des généralistes enseignants, l’urgence est claire : publier tous les textes réglementaires relatifs à la quatrième année d’internat de médecine générale afin de préparer au mieux l’accueil des étudiants.
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