L’amyotrophie spinale, ou SMA (pour spinal muscular atrophy), se caractérise par une perte progressive de la fonction neurale et une atrophie musculaire. Des médecins et scientifiques de l’université de Pittsburgh évaluent une nouvelle approche thérapeutique, qui consiste à employer la stimulation électrique des nerfs spinaux. Rétablir la fonction aux motoneurones pourrait améliorer la force des jambes et les fonctions motrices chez les patients adultes.
Dans un article publié dans Nature Medicine, ces chercheurs ont communiqué les résultats préliminaires des tout premiers patients équipés. Dans cette étude pilote, trois adultes atteints de SMA peu évoluée (de type 3 ou 4) ont été suivis pendant une période de 29 jours, après implantation de deux dispositifs de stimulation placés de part et d’autre de la colonne vertébrale, au niveau des vertèbres lombaires. Des sessions de stimulation de 4 heures ont été menées, 5 fois par semaine, pour un total de 19 sessions, après quoi les dispositifs ont été explantés.
Une amélioration du test de marche
« Nous ne nous attendions pas à voir nos patients s’améliorer sur un plan fonctionnel, et pourtant, en quatre semaines, leur capacité à réaliser des tâches quotidiennes a progressé », expliquent les auteurs. L’un des patients a notamment expliqué être désormais capable de faire le trajet entre son domicile et l’université de Pittsburgh sans être fatigué.
Lors de tests de marche de 6 minutes, les trois participants ont augmenté leur distance parcourue d’au moins 20 mètres. À titre de comparaison, ils ne s’étaient améliorés que de 1,4 mètre au cours des trois mois précédents, grâce à des exercices de rééducation intensifs (poursuivis après l’opération) mais sans stimulation. Selon les données de la littérature, il faut 15 mois environ pour atteindre une amélioration médiane de 20 mètres à l’aide de traitements pharmacologiques luttant spécifiquement contre la dégénérescence de motoneurones. Dans le même temps, des analyses ont montré une amélioration de la fonction des motoneurones.
Lutter contre la sous-sollicitation
Cette stratégie a été imaginée à partir des données de travaux plus anciens. Ces derniers avaient démontré que, dans la SMA, les neurones survivant à la destruction avaient tendance à être de moins en moins stimulés par les neurones sensitifs, ce qui amplifie les effets de la pathologie. Une hypothèse a donc émergé : et s’il était possible de compenser ce déficit par une stimulation épidurale ciblée ?
« Pour contrer la neurodégénérescence, nous avons besoin de deux choses, explique le Dr Marco Capogrosso, du département de neurochirurgie à l’université de Pittsburgh. La première est d’arrêter la mort des motoneurones et la deuxième est de restaurer la fonction des neurones survivants. Dans cette étude, nous proposons de traiter la dysfonction neurale à la source, en complément des traitements neuroprotecteurs déjà existants ou des thérapies en développement. » Au cours de la décennie écoulée, plusieurs pistes de traitements de la SMA ont vu le jour, à commencer par la thérapie génique.
« La neurostimulation pourrait être appliquée à un grand nombre de situations cliniques allant de l’amyotrophie spinale à la sclérose en plaques en passant par la chorée de Huntington, dès lors que les cibles à stimuler sont bien identifiées, estime pour sa part le Dr Robert Friedlander, qui occupe la chaire de neurochirurgie de l’université de Pittsburgh. Nous espérons continuer notre travail sur les patients SMA lors d’une étude évaluant la sécurité et l’efficacité de ces dispositifs sur un temps plus long. »
En 2024, l’équipe du Dr Capogrosso a signé plusieurs études sur l’intérêt de la stimulation de la moelle épinière pour rétablir les fonctions motrices des membres supérieurs chez les patients victimes d’un accident vasculaire cérébral (AVC). Des travaux sont toujours en cours pour évaluer cliniquement cette nouvelle approche dans la rééducation post-AVC. La stimulation de la moelle épinière fait en outre partie des stratégies prometteuses dans la prise en charge des patients atteints de lésions médullaires.
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