UN PAS EN AVANT dans le diagnostic très précoce de la maladie d’Alzheimer vient d’être franchi par des chercheurs internationaux. Il s’agit de l’association de marqueurs biologiques dont la validité a été confirmée, indépendamment de la clinique, chez des groupes de sujets indemnes, atteints de troubles cognitifs modérés et de maladie d’Alzheimer.
Geert de Meyer et coll sont partis des données d’une cohorte américaine, l’« US Alzheimer’s Disease Neuroimaging Initiative », qui comportait à l’enrôlement 800 adultes de 55 à 90 ans. Deux cents d’entre eux étaient cognitivement sains, 400 atteints de troubles cognitifs modérés et 200 d’un Alzheimer débutant. Les chercheurs belges, suédois et américains se sont intéressés aux dosages de trois marqueurs biologiques du liquide céphalorachidien : la protéine 1-42 dérivée de la bêta amyloïde, la protéine tau totale et la protéine tau181p phosphorylée. Ils ont ensuite cherché une corrélation entre des associations de marqueurs (qu’ils dénomment « mixture ») et l’état cognitif des patients sur une période de deux ans. Deux modèles principaux ont été mis en évidence.
Tout d’abord, le couple protéine 1-42 abaissée et protéine tau phosphorylée élevée a permis d’identifier une signature de la survenue d’une maladie d’Alzheimer. Il en va de même pour la baisse isolée de la première. Mais l’association des deux marqueurs apparaît d’une meilleure valeur prédictive. Ensuite, des taux proches de la normale de ces marqueurs apparaissent très évocateurs d’une absence de risque.
Chez 90 % des sujets atteints.
Au sein des trois groupes de patients la signature biologique a été mise en évidence chez 90 % des sujets atteints d’Alzheimer, chez 72 % de ceux porteurs de troubles cognitifs modérés et chez 36 % des individus indemnes. Pour ces derniers la présence de l’allèle de l’apolipoprotéine E epsilon4 majorait le risque.
Les chercheurs ont voulu valider leur découverte sur deux autres cohortes. Tout d’abord sur une série de 68 patients décédés d’un Alzheimer et vérifiés anatomo-pathologiquement. Dans 64 cas l’association des deux marqueurs était correctement corrélée à l’histologie, donnant à la biologie une sensibilité de 94 %. L’autre validation a porté sur un groupe de 57 sujets atteints de troubles cognitifs modérés et suivis pendant 5 ans. Ici, le couple protéine 1-42 et tau phosphorylée a eu une sensibilité de 100 %.
Les auteurs en tirent deux conclusions. La première est que la « mixture » permet une approche diagnostique sans tenir compte de la clinique. La seconde porte sur le tiers de positivité dans le groupe de sujets indemnes. Ce taux suggère que l’affection est active et détectable plus tôt qu’on ne le pensait.
Arch Neurol, vol 67, n° 8, pp. 949-956.
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