LA PROGRESSION des patients souffrant d’oublis bénins de la sénescence vers la MA se fait au rythme de 15 % par an. Certains patients toutefois ne progresseront jamais vers la MA et chez certains il y a même parfois un retour à la normale. Comment identifier un état prédémentiel ?
Les protéines précurseurs amyloïdes solubles (sAPP) alpha et bêta suivent le cours des événements pathogéniques précoces. Des modifications de leur concentration dans le LCR (liquide céphalo-rachidien) ont été rapportées au cours de la MA. Existe-t-il une valeur prédictive des sAPP pour l’évolution de la MA et sont-ils distincts des biomarqueurs établis que sont la protéine tau et le peptide bêta-amyloïde 1-42 (Abeta-42) ?
Pour savoir si le dosage des sAPP dans le LCR permet d’améliorer l’identification de patients ayant une MA débutante et une discrimination avec ceux qui n’évolueront pas vers la maladie, Perneczky et coll. (Munich, Allemagne) ont suivi une cohorte de 58 patients souffrant d’oublis bénins de la sénescence. Un dosage de sAPP dans le LCR a été réalisé à l’inclusion.
Les personnes ont été suivies pendant près de trois ans en moyenne. Au final, 21 ont développé une MA, 27 ont toujours des oublis bénins de la sénescence et 8 autres sont revenus à un état antérieur, sans problèmes de mémoire. Deux autres personnes ont développé une démence fronto-temporale, mais leurs résultats n’ont pas été inclus dans l’analyse. Enfin, 16 autres patients ayant ce type de pathologie ont été ajoutés pour explorer la spécificité des marqueurs du LCR : sAPP alpha et bêta, tau, et Abêta-42 dans la démence fronto-temporale.
Au stade oublis bénins de la sénescence.
Les résultats montrent que sAPP bêta pourrait se révéler un outil clinique utile dans l’identification des patients ayant une MA au stade oublis bénins de la sénescence, utile aussi pour discriminer les formes débutantes de la MA des démences temporo-frontales. La sAPP bêta dans le LCR se révèle cliniquement plus performante que le marqueur Abêta-42. Chez les personnes qui ont développé une MA, les taux de sAPP bêta sont significativement plus élevés dans le LCR comparativement aux autres.
Ainsi, la concentration moyenne chez les personnes qui ont déclaré une maladie d’Alzheimer est de 1 200 ng/ml comparativement à 932 ng/ml pour ceux qui n’ont pas évolué vers la maladie.
Une combinaison de plusieurs paramètres permet de faire la distinction entre ceux qui vont évoluer vers la MA et les autres (qui n’évoluent pas ou qui retournent à la normale) : sAPP bêta, tau et âge. Le tout avec une sensibilité de 80 % et une spécificité de 81 %.
Le meilleur modèle pour la différenciation de ceux qui auront une progression probable vers la MA et la démence fronto-temporale comprend sAPP bêta et tau, avec une sensibilité de 95,2 % et une spécificité de 81,20 %. En revanche, Abêta-42 et sAPP alpha ne contribuent pas significativement au modèle.
« Notre étude appuie fortement le fait que sAPP bêta pourrait être un biomarqueur d’une MA précoce et pourrait aussi permettre la différenciation avec les autres causes de démence où la pathologie n’est pas liée à la protéine bêta-amyloïde… La réplication de notre démarche dans des études multicentriques plus importantes est une urgence », concluent les auteurs.
Neurology, 77, 5 juillet 2011, en ligne le 22 juin 2011.
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