« Les problèmes des troubles de l’attention et du comportement apparaissent au début du XIXe siècle dans la littérature médicale », rappelle le Pr Manuel Bouvard, responsable du Pôle universitaire de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent au Centre hospitalier Charles Perrens à Bordeaux.
Aujourd’hui classé dans le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM) comme un trouble neuro-comportemental à l’étiologie multifactorielle, le TDAH présente 3 grands types de symptômes qui permettent de poser un diagnostic, le plus souvent chez des enfants à l’occasion de difficultés scolaires : les troubles de l’attention, l’impulsivité et l’hyperactivité motrice.
Sans prise en charge, les symptômes s’aggravent
Selon les données actuelles, la prévalence de ce trouble oscille entre 2 et 5 % des enfants en âge scolaire et est majoritairement masculine. Les symptômes varient au cours du développement et les premiers signes sont généralement repérés vers 4,5 ans. Aux troubles du comportement (impulsivité) viennent s’ajouter, à l’âge scolaire, des difficultés d’apprentissage pour plus de 50 % des enfants atteints. En outre, un tiers d’entre eux présente une dyslexie associée.
À ce stade, l’absence de prise en charge entraîne une aggravation des symptômes et les sujets présentent à l’adolescence des problèmes de désocialisation, de déscolarisation ainsi que des risques d’addictions multipliés par 4 par rapport à la population générale. De récentes études de cohortes montrent en outre qu’un tiers des patients continue à souffrir de TDAH à l’âge adulte et que deux tiers continuent à présenter des symptômes, principalement caractérisés par des troubles de l’attention.
L’enjeu de la formation
Malgré une prévalence relativement importante, le TDAH reste mal connu et mal perçu par la population française. Une étude menée en juin 2014 par Opinion Way sur l’initiative des laboratoires Shire montre que 9 personnes sur 10 ont déjà entendu parler d’hyperactivité, mais que seules 7 % connaissent le TDAH. Par ailleurs, l’enquête QUEST menée en France entre novembre 2013 et janvier 2014 auprès de 473 patients et/ou leurs parents révèle que le diagnostic est encore posé trop tardivement.
En moyenne, l’âge auquel l’enfant est diagnostiqué est de 10,9 ans, soit 6,4 ans après les premiers signes. Alors que les familles traversent en moyenne 3 étapes de prise en charge, le TDAH n’est évoqué que dans 10,7 % des cas lors de la 1re étape. Cette errance diagnostique qui se concrétise par une moyenne de 7 consultations entrecoupées chacune d’un intervalle de 10 mois pourrait notamment expliquer le taux élevé de redoublement (31,5 %) entre les classes de CP et de CE1.
Pour le Dr Hervé Caci, pédopsychiatre et praticien hospitalier aux Hôpitaux pédiatriques de Nice, « la nécessité de poser un diagnostic précoce à ce trouble est fondamentale pour éviter aux familles un parcours long et chaotique. Dans tous les cas, la réussite passe par une prise en charge pluridisciplinaire ». Le Pr Bouvard évoque quant à lui « le besoin de développement de centres de compétences et l’enjeu primordial d’une meilleure formation des pédiatres, des médecins généralistes et des autres professionnels de santé à ce trouble ».
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