Relance du processus de recommandations

Les nouvelles relations entre la neurologie et la Haute Autorité de santé

Publié le 07/06/2012
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PAR LE Pr CHRISTINE TRANCHANT*

UN COMITÉ de veille scientifique et professionnelle, rebaptisé comité de neurologie, a été constitué il y a plusieurs années à la demande de la Haute Autorité de santé (HAS). Piloté par la Société française de neurologie (SFN), il comporte de neurologues représentants les trois types de pratique (CHU, CHG et libéral) et l’ensemble des grandes surspécialités de la neurologie. Ses objectifs sont de suivre l’évolution des connaissances et des pratiques neurologiques et de sélectionner tous les ans, trois ou quatre thèmes nécessitant, du fait de l’évolution des connaissances ou des pratiques, la proposition de recommandations destinées à l’ensemble des praticiens. Dans cet esprit, différentes conférences de consensus (prise en charge de la SLA) et différentes recommandations (Alzheimer, première crise d’épilepsie de l’adulte) ont été organisées par la HAS sur proposition de la SFN. La SFN a également été partenaire de recommandations initiées par les sociétés de surspécialité.

La part majeure prise aujourd’hui par les risques redoutés de partialité en cas de conflit d’intérêt avec l’industrie mais également le coût d’organisation des conférences de consensus ont rendu plus compliqué ce partenariat.

L’exclusion des recommandations « Maladie d’Alzheimer », au motif de l’existence de conflits d’intérêt, et la constitution d’un nouveau groupe « d’experts » constitué indépendamment de la participation de la société savante (SFN) n’incluant que des experts choisis unilatéralement par la HAS… et aucun expert de la maladie d’Alzheimer, a paralysé les relations de la SFN avec l’HAS, très confiantes jusqu’à cet événement.

Le refus systématique par la HAS des experts reconnus dans leur domaine par la communauté scientifique, en raison de leurs relations devenues inévitables avec l’industrie pharmaceutique, puisqu’ils participent à l’évaluation de nouvelles thérapeutiques dans leur domaine d’intérêt, risque d’avoir également des conséquences sur la valeur des recommandations qui seront proposées. Certes la méthodologie qui fait intervenir un groupe de lecteurs et un groupe d’experts doit s’appuyer sur les données de la littérature, mais l’expérience et le recul des experts apparaissent indispensables pour interpréter ces données de manière critique…

Par ailleurs, la HAS, notamment pour des raisons économiques, envisage dans l’avenir de subventionner uniquement des recommandations transversales pouvant intéresser plusieurs spécialités médicales.

Les neurologues sous l’égide de la Société française de neurologie doivent s’organiser de manière indépendante pour proposer directement des recommandations concernant les différentes pathologies en mouvement de leur spécialité. La multiplicité des thérapeutiques dans certains domaines, les nouvelles techniques de diagnostic, les nouvelles maladies identifiées nécessitent d’établir ou de réactualiser les stratégies les plus efficaces dans la prise en charge des maladies neurologiques pour les diffuser à l’ensemble des praticiens.

À la recherche d’un nouvel accord.

Néanmoins, si des propositions sont faites par les sociétés savantes, elles doivent rester inattaquables concernant leur impartialité. Un groupe de travail animé par le Pr Thibault a été constitué au sein de la HAS pour préciser les qualifications et les limites des conflits d’intérêt nécessaires pour les experts qui participeront aux futures recommandations. La SFN est prête à s’associer à ce groupe de travail et souhaite trouver un nouvel accord de fonctionnement productif avec l’HAS à une période où les pratiques neurologiques sont en pleine évolution.

Dans l’attente des nouvelles mesures de labellisation, la SFN a décidé de relancer en juin 2012 les travaux du comité de neurologie, qui se réunira à Paris, pour hiérarchiser les priorités en matière de recommandations.

*Comité de Neurologie, Société Française de Neurologie.


Source : Bilan spécialistes