Les équipes INSERM de Priscille Brodin, à Lille, et Laurent Marsollier, à Angers, ont découvert un mécanisme analgésique inédit chez des patients atteints d’ulcère de Buruli. « Le bacille, plus précisément sa toxine, la mycolactone, est capable d’interagir avec les neurones et d’empêcher la transmission de l’information nerveuse expliquant le caractère indolore des lésions », explique Laurent Marsollier, chargé de recherche à l’INSERM. Malgré l’étendue et la gravité des lésions, ces ulcères sont moins douloureux que d’autres blessures qui paraissent plus bénignes, comme des égratignures ou des brûlures légères.
La mycolactone, une toxine antalgique
Jusqu’alors, on pensait que l’absence de douleurs dans les premiers stades de la maladie était liée à la destruction des tissus nerveux. Mais cette hypothèse est contradictoire avec la dégénération des nerfs qui survient uniquement à des stades avancés de la maladie. Les chercheurs ont constaté que l’injection de la toxine suffit à inhiber la douleur sans que les nerfs soient touchés.
Un récepteur à l’angiotensine
Une technique d’imagerie a permis de mettre en évidence que la mycolactone entraîne une hyperpolarisation des neurones, ce qui limite la transmission de l’influx nerveux, donc le message douloureux. Cette hyperpolarisation est médiée par l’interaction de la mycolactone avec un récepteur neuronal, le récepteur 2 de l’angiotensine, ce qui entraîne une fuite de potassium. Les chercheurs ont pu vérifier dans un modèle animal que le blocage de ce récepteur rétablit la sensibilité à la douleur.
« La découverte de ce mécanisme, qui limite la douleur des lésions cutanées aux premiers stades de la maladie, ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche de nouvelles molécules antidouleur », souligne Priscille Brodin, co-auteur des travaux. La molécule capable de bloquer le récepteur appartient à une nouvelle classe, très différente des analgésiques utilisés aujourd’hui. Le récepteur identifié pourrait être une cible de choix, car son blocage s’est montré efficace précédemment chez des patients atteints d’herpès.
Cell, publié en ligne le 19 juin 2014
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