Un essai randomisé de 650 patients dans 40 centres en France, le plus grand essai jamais réalisé dans ce domaine, est actuellement soumis à publication dans une revue scientifique internationale. La France et le plan Alzheimer ont permis de mettre en place ce très gros essai pour répondre à la question : les thérapeutiques non médicamenteuses sont-elles efficaces ou non dans la maladie d’Alzheimer, question importante mais qui n’a jamais reçu de réponse jusqu’ici ! Les résultats de cet essai seront donc très intéressants et permettront de savoir à quel stade débuter ces thérapies et sous quelles formes. « Elles n’agissent pas au même niveau que les thérapies médicamenteuses, mais plutôt sur le comportement, la fonction, le maintien à domicile et la qualité de vie y compris de l’aidant, prévient le Pr Dartigues. Mais ce n’est pas parce qu’une thérapie n’est pas médicamenteuse qu’elle ne doit pas être évaluée de façon aussi rigoureuse que s’il s’agissait d’un médicament. Il faut notamment se méfier de ce qui passe pour admis, mais sans jamais avoir été évalué ».
Les ateliers collectifs remis en cause au stade symptomatique
Alors que des thérapeutiques non médicamenteuses sont proposées à tous les stades de la maladie, jusqu’à maintenant, les essais réalisés sur ces dernières étaient de qualité méthodologique assez médiocre. La plus récente revue Cochrane de Linda Clare, à partir de 6 essais randomisés publiés à cette époque, date déjà de quelques années et a conclu à une absence de bénéfice des thérapeutiques non médicamenteuses sur la cognition, l’autonomie et la qualité de vie.
En 2012, un gros essai a été publié dans Health Technology Assessment, portant sur 488 patients testant la thérapie par réminiscence qui se pratique en atelier. Il s’agit d’une thérapie par empathie : elle joue sur le paradoxe que les patients qui ont des troubles de mémoire, sont considérés tour à tour comme experts dans ces ateliers lorsqu’on évoque avec eux des événements bienveillants qu’ils ont vécus comme leur mariage, etc. Ils se retrouvent alors en position d’avoir plus de mémoire sur cet événement que les personnes qui mènent l’atelier et qui sont autour. C’est la deuxième thérapie la plus pratiquée en France actuellement, après la stimulation cognitive. Dans cet essai, l’intervention se déroulait à raison d’une séance hebdomadaire pendant trois mois, suivie d’une séance mensuelle pendant sept mois. « Or l’analyse montre qu’il n’y a aucune différence sur le critère de jugement principal qui était la qualité de vie. Il n’a pas été non plus retrouvé de différence pour le recours aux services médico-sociaux, mais une majoration de l’anxiété des aidants dont les proches malades participaient aux ateliers réminiscence. Il s’agit donc d’un résultat très délétère ! La mise en échec des malades les plus atteints (qui se retrouvent autour d’une table, avec d’autres en bien meilleure santé cérébrale) pourrait être une explication à ce mauvais résultat, explique le Pr Dartigues. Ainsi, les ateliers collectifs, quand la maladie est avancée, ne sont probablement pas indiqués ».
Quid des thérapies occupationnelles ?
Menées par un ergothérapeute travaillant avec le malade de façon très individuelle pour adapter ses activités à son handicap, ces thérapies donnent de bons résultats. Mais il s’agit d’une thérapie qui coûte plus cher que la thérapie collective. Quant à l’art-thérapie, elle a bien un effet positif au moment de la séance (les malades y trouvent du plaisir, ce qui est important pour la qualité de vie), mais elle n’a pas d’effet entre les séances et en l’occurrence, n’améliore ni la cognition, ni l’autonomie.
D’après un entretien avec le Pr Jean-François Dartigues, CHU de Bordeaux.
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