Moins d’un quart des Français a une consommation de fruits et légumes qui correspond aux recommandations officielles du Programme national nutrition santé (PNNS), et à peine plus pour les féculents complets et légumes secs, met en lumière le Bulletin épidémiologique hebdomadaire du 29 avril publié par Santé publique France (SPF).
Une consommation « très insuffisante », déplore l’agence, citant l’Organisation Mondiale de la santé selon laquelle l’apport insuffisant de fruits et légumes serait à l’origine de 14 % de la mortalité par cancers gastro-intestinaux, 11 % de la mortalité par maladies ischémiques et 9 % par accidents cardiovasculaires. Les boissons sucrées seraient en cause dans 10 % des nouveaux cas de diabète de type 2 en 2020, et 3 % des cas de maladies cardiovasculaires.
Les données de SPF reposent sur le baromètre 2021 élaboré à partir d’une enquête Ipsos conduite auprès de plus de 25 500 personnes de 18 à 85 ans en métropole, et 6 500 en outre-mer (questionnaire téléphonique d’une trentaine de minutes autour de la fréquence de la consommation, non de la quantité).
Les femmes et les plus diplômés mieux observants
Dans le détail, en 2021, les consommations en adéquation avec les recommandations concernaient seulement un peu plus d’une personne sur cinq pour les fruits et légumes (19 % des hommes et 25 % des femmes) et 28 % des adultes pour les féculents complets (29 % pour les hommes et 26 % pour les femmes en mangeaient une fois par jour). Près de 23 % des adultes consommaient des légumes secs deux fois par semaine ou plus. Et encore 18 % des hommes et 12 % des femmes consommaient plus d’un verre de boisson sucrée par jour.
« Le non-respect des recommandations, en particulier une consommation insuffisante de fruits et légumes ou une consommation excessive de boissons sucrées concernaient davantage les hommes que les femmes », note SPF. Une différence qui s’explique selon les auteurs par « la plus grande susceptibilité des femmes au contrôle de leur poids et leur intérêt pour la prévention en général et l’alimentation saine en particulier ».
Les niveaux d’adéquation augmentent avec l’âge : les jeunes adultes sont 17 % à observer les recos en matière de fruits et légumes, contre 30 % pour les plus de 65 ans (ce qui n’est pas vrai pour les féculents complexes, davantage prisés des 18-24 ans). De même, la proportion de « bons élèves », à la fois pour les fruits et légumes et pour les légumes secs est plus forte (autour de 25 %) chez les personnes diplômées au moins du baccalauréat, cadres ou exerçant une profession intermédiaire ou intellectuelle supérieure, que chez les moins diplômés, ou les ouvriers. Là encore, les féculents complexes se distinguent : ils sont davantage consommés par les personnes à faible revenu et les hommes.
Par ailleurs, les personnes vivant en couple, avec ou sans enfant, et les parisiens, ont moins de risque d’être petits consommateurs de fruits et légumes que les célibataires, les familles monoparentales, ou les habitants des villes moyennes.
SPF note aussi des disparités régionales avec une moindre adhésion aux recommandations dans les Hauts-de-France, la Normandie, et le Grand Est, et une meilleure en Île-de-France et en Nouvelle-Aquitaine. Dans les Drom, les situations sont plus contrastées selon les îles, avec souvent des indicateurs défavorables en Guadeloupe, Guyane et Martinique, sauf pour les légumes secs, mieux aimés qu’en métropole.
Stratégie des « petits pas »
Si la précision de cette photographie doit amener les autorités sanitaires à mieux cibler les groupes à risque (par exemple, en prenant en compte la structure du ménage, ou les spécificités des Drom), SPF plaide aussi pour des actions sur l’environnement global des consommateurs : taxes et diminution de la publicité pour les boissons sucrées, amélioration de l’offre dans les distributeurs et la restauration collective…
L’agence montre aussi que le respect des recommandations est certes plus fréquent chez les personnes qui les connaissent (soit 71 % des individus pour ce qui est des fruits et légumes et 78 % pour les légumes secs, et seulement 35 % pour les féculents complets). Mais l’information ne suffit pas à modifier en profondeur les comportements, qui sont davantage modelés par d’autres déterminants (accessibilité économique et physique, temps de préparation, goûts).
Alors SPF promeut l’approche communicationnelle des « petits pas », qui encourage à consommer certains aliments ou à en substituer par d’autres de meilleure qualité sans donner de quantité ni de fréquence à atteindre, et à mettre en place des ateliers culinaires à l’échelle communautaire, afin de toucher les personnes les plus éloignées des recommandations.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024