De quoi nos ancêtres de l’âge de Bronze se nourrissaient-ils ? Pour répondre à cette question, les préhistoriens disposent d’un matériau de choix : le corps d’un homme préservé dans la glace depuis 5 300 ans, surnommé Ötzi. L’analyse du contenu de son estomac, de son intestin grêle et de son côlon révèle aujourd’hui qu’il mangeait beaucoup plus gras que ce que l’on imaginait, d'après une étude publiée dans « Current Biology ».
Depuis sa découverte en 1991 à 3 210 mètres d’altitude dans les Alpes italiennes, les scientifiques n’en finissent pas d’étudier cet homme des glaces, appliquant sur sa dépouille les techniques les plus innovantes. En 1999, une analyse isotopique de ses cheveux suggère que l’homme avait un régime omnivore. Celle-ci est complétée en 2000 par une biopsie intestinale qui révèle la présence de pollen de charme, de fragments de fougère, de mousse et de charbon.
En 2011, l’équipe d’Albert Zink, de l’Institut d’étude des momies, à Bolzano, en Italie, réexamine des radiographies de la momie naturelle et identifie l’estomac rempli d’Ötzi. Une information de taille : le contenu non digéré de l’organe, s’il est décrypté, peut constituer la photographie inédite d’un repas néolithique et des techniques de préparation de l’époque. Onze prélèvements sont réalisés dans l’estomac, l’intestin grêle et le côlon et sont soumis à divers examens microscopiques, chimiques, génétiques, protéomiques et structuraux.
Bouquetin et épeautre
Résultat : le dernier repas d’Ötzi, riche en lipides et en protéines, était parfaitement adapté à la rude vie d’un montagnard. 46 % du contenu de son estomac est constitué de résidus graisseux provenant du muscle et du tissu adipeux de ruminants, principalement de bouquetin et de cerf. La comparaison de la structure des fibres musculaires avec des fibres chauffées expérimentalement atteste qu’Ötzi a consommé la viande sous différentes formes : crue, cuite mais aussi fumée au feu de bois, comme le suggère la présence de charbon dans l’intestin. Ce repas a été complété d’épeautre, une céréale retrouvée sous forme de grains entiers dans le contenu stomacal.
La présence de fragments de fougères dans les intestins intrigue car ces plantes sont toxiques. « Peut-être la nourriture était-elle emballée dans des feuilles de fougère, note l’équipe dans son article publié dans « Current biology », […] ce qui permettait de conserver les aliments et de les transporter sur de longues distances. »
Tout adaptée qu’elle soit à la vie des montagnes, cette alimentation riche en lipides n’en est pas moins génératrice de maladies cardio-vasculaires. L’analyse de ce dernier repas explique les résultats de l’étude des artères d'Ötzi, menée en 2003. Celle-ci a révélé une athérosclérose avancée et d’importantes calcifications de l’aorte.
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