Avec la violente crise alimentaire mondiale qui s'annonce, les derniers travaux des équipes du Centre de recherche Bordeaux Population Health (Inserm et université de Bordeaux) en collaboration avec l’Institut de recherche pour le développement (IRD) et l’ONG ALIMA sont plus importantes que jamais. Les chercheurs ont développé et testé une nouvelle stratégie visant à simplifier et à optimiser la prise en charge de la malnutrition.
Baptisée OptiMA, cette stratégie a permis de prendre en charge 30 % d’enfants en plus tout en utilisant 20 % de produits nutritionnels en moins, en comparaison avec les programmes habituels, selon les résultats de l'étude de non-infériorité publiée dans « The Lancet Global Health ».
Une seule stratégie pour tous
Il existe aujourd'hui plusieurs stratégies de prise en charge de la malnutrition souffrant de malnutrition aiguë, selon qu'il s'agisse de « malnutrition aiguë sévère » ou de « malnutrition aiguë modérée ». La malnutrition aiguë touche principalement les enfants âgés de moins de 5 ans, et se traduit par une perte de poids brutale et importante qui peut être la conséquence d'une maladie infectieuse de type diarrhée, une infection respiratoire, un paludisme, ou tout simplement un manque d’accès à une alimentation diversifiée et en quantité suffisante.
La malnutrition aiguë est considérée comme modérée lorsqu’un enfant présente un périmètre brachial compris entre 115 et 125 mm, et sévère lorsque ce périmètre brachial est inférieur à 115 mm. Bien que d'autres paramètres entrent en compte, la nouvelle stratégie OptiMA propose de n’utiliser que le périmètre brachial pour dépister la malnutrition aiguë car il s'agit d'une méthode facile à acquérir pour les mères des pays à ressources modérées.
Dans le cas de la malnutrition aiguë sévère, on propose des « aliments thérapeutiques prêts à l'emploi », dont les proportions sont calculées en fonction du poids de l’enfant. Le défaut de cette approche est qu'un enfant qui évolue vers son poids normal continue à recevoir une dose importante alors qu’il serait plus adapté de diminuer le dosage au fur et à mesure que l’enfant récupère. Les enfants qui souffrent de malnutrition aiguë modérée reçoivent eux des « suppléments nutritionnels prêts à l'emploi ».
Ces deux types de produits sont acheminés dans les pays concernés par différents circuits d’approvisionnement supervisés par des agences des Nations Unies distinctes, ce qui n'est pas sans poser des problèmes de logistiques. Les auteurs proposent de simplifier et d'homogénéiser la prise en charge pour tous les types de malnutrition. La stratégie OptiMA consiste à proposer un unique traitement nutritionnel, composé d'aliments thérapeutiques prêts à l’emploi, selon un dosage progressivement dégressif au fur et à mesure de la récupération nutritionnelle.
Une stratégie validée chez près de 900 patients
Au cours de l'évaluation réalisée en République Démocratique du Congo, 896 enfants âgés de 6 mois à 5 ans ont été pris en charge. Les enfants inclus dans l'étude devaient avoir un périmètre brachial inférieur à 125 mm ou présenter un œdème des membres inférieurs. Les enfants ont été aléatoirement répartis entre un groupe bénéficiant de la prise en charge classique, et un groupe bénéficiant de la stratégie OptiMA. Chaque enfant a été suivi pendant six mois, avec notamment une visite à domicile bimensuelle.
Les auteurs rapportent que 63 % des enfants du groupe standard et 72 % des enfants du groupe OptiMA ont eu connu une évolution favorable, c’est-à-dire étaient toujours vivant et ne présentaient plus de signe de dénutrition aiguë au bout de 6 mois de suivi.
La stratégie est désormais testée au Niger dans un autre essai clinique par les mêmes équipes, où elle est comparée au protocole national et à une autre stratégie simplifiée, afin de voir si ses effets bénéfiques peuvent être répliqués dans d’autres contextes et auprès d’autres populations.
En 2019, on estime que la malnutrition touchait 47 millions d’enfants âgés de moins de 5 ans dont un quart sur le continent africain, durement marqué par deux années de pandémie de COVID-19 (à lire sur le même sujet : notre entretien de Katrien Ghoos, responsable du programme alimentaire mondial sur le continent africain).
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