L’article de « Prescrire » concluant à l’inefficacité de la kinésithérapie respiratoire dans la bronchiolite (lire « Le Quotidien » daté du 6 décembre 2012) suscite la polémique. Après que le SNMKR a porté plainte contre la revue pour « manquement déontologique », des médecins et des kinésithérapeutes (*) nous ont contactés pour exprimer leur point de vue sur le sujet. « Le Quotidien » reproduit ci-dessous leur réaction dans son intégralité :
« Ce message, la Revue Prescrire nous l’assène à la lumière d’une synthèse émanant de la Cochrane Library. Reprise en boucle par les médias ces derniers jours sans le recul nécessaire, l’interprétation de Prescrire nous parait être, à lecture de la synthèse Cochrane, plus proche du parti pris que de la nuance attendue d’une publication de renom.
La parole est donc à la défense ! Les « graves » effets secondaires "révélés" par Prescrire sont-ils la traduction de : « a retrospective observational study in the literature suggests an association between rib fractures and chest physiotherapy (Chalumeau 2002) but this adverse effect was not observed in any of the nine clinical trials included in this review ». S’il y avait tant de fractures de côtes, nul doute que les assureurs en responsabilité civile nous auraient alertés sans ménagement ! De plus, à aucun moment la douleur n’est évoquée dans la revue Cochrane : que vient-elle faire dans les affirmations de Prescrire ? (…)
La kinésithérapie respiratoire est une technique bien codifiée. Elle a ses indications et ses contre-indications, notamment un état respiratoire instable, forcément plus fréquent chez des petits nourrissons hospitalisés !
Ne prescrivez plus de kinésithérapie respiratoire nous dit-on ! Elle ne raccourcit pas la durée d’évolution de la maladie ! Mais comment le pourrait-elle ? Ce n’est qu’un traitement symptomatique de l’encombrement, en aucun cas un antiviral !
Ne prescrivez plus de kinésithérapie respiratoire nous dit-on ! Pourquoi pas, mais alors prescrivez un kinésithérapeute ! Il évalue l’état respiratoire du petit patient, pratique des tests de précontrainte sur les parois thoraciques et abdominales afin de vérifier leur intégrité, recherche des signes d’encombrement avant de procéder aux manœuvres de modulation de flux, conseille les parents, renvoie des informations vers le prescripteur.
A l’heure des coopérations professionnelles le kinésithérapeute est un partenaire à ne pas négliger pour rendre service à bébé. Bien sûr il faudra des études ambulatoires pour décrisper un sujet que d’aucuns auront voulu passionnel. Comme souvent, la rumeur arrive en courant et la vérité en boitant ! »
(*) Sydney Sebban, pédiatre, Paris ; Jean Yves Siriez, pédiatre, Hôpital Robert Debré, Paris ; Jacques Bray, médecin généraliste, Paris ; Didier Evenou, kinésithérapeute, Hôpital Robert Debré, Paris ; Christian Fausser, kinésithérapeute, Hôpital Bicêtre, Le Kremlin Bicêtre.
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