Les Maladies osseuses constitutionnelles (MOC) sont des maladies rares dont il existe plus de 450 entités différentes. Leur incidence va de 1 sur 10 000 naissances à 1 sur 1 million pour les plus exceptionnelles. L’ostéogénèse imparfaite est sans doute la maladie génétique osseuse la plus fréquente avec une prévalence à la naissance de 1 pour 10 000 à 20 000 personnes.
La sévérité de ces affections osseuses rares est variable d'une personne à l'autre. Les rhumatologues seront confrontés un jour ou l’autre à une de ces MOC, soit pour assurer le suivi à l’âge adulte des formes diagnostiquées dans l’enfance, soit pour faire le diagnostic des formes plus modérés à révélation plus tardive qui risquent d’être méconnues.
Savoir évoquer une maladie osseuse rare
Dans de nombreux cas, le diagnostic de ces maladies sera fait chez l’enfant par les pédiatres devant une fragilité osseuse, des déformations osseuses, des douleurs musculo-squelettiques, des atteintes dentaires, parfois associées à des troubles respiratoires et à un handicap sévère. Chez l’adulte, l’attention du rhumatologue devra être attirée par la survenue de fractures multiples, précoces ou de localisation atypique, une mauvaise consolidation osseuse, une densité osseuse très basse non liée à des causes secondaires d’ostéoporose ou au contraire trop élevée, mais aussi chez certains patients par l’existence de douleurs musculaires, d’une hyperlaxité articulaire, d’une chondrocalcinose ou d’ossifications des enthèses. Certaines lésions osseuses sont parfois de découverte fortuite lors de la réalisation d’une radiographie. « On recherchera quelques signes ayant débuté dans l'enfance, un contexte familial, des atteintes dentaires, des symptômes extra-squelettiques, des sclérotiques bleutées, des troubles auditifs, des manifestations rénales. Souvent la biologie est normale mais parfois un taux bas de calcium, de phosphore ou de phosphatases alcalines (PA) doit faire suspecter une MOC », souligne le Pr Debiais.
Des thérapies novatrices en développement
Beaucoup de ces maladies osseuses rares sont d'origine génétique. Les progrès dans le séquençage de l'ADN ont permis d'identifier l'implication de certains gènes, et ainsi de mieux connaître les mécanismes physiopathologiques et de développer de nouvelles voies thérapeutiques. « Ainsi, pour l'hypophosphatasie liée à des mutations du gène ALPL codant pour la PA, un traitement enzymatique substitutif par asfotase alfa, une PA recombinante humaine est désormais disponible avec une amélioration significative des manifestations squelettiques et fonctionnelles qui a littéralement révolutionné la prise en charge de l'enfant. Dans l'hypophosphatémie liée à l'X avec une mutation du gène PHEX, le burosumab, un anticorps monoclonal humanisé anti-FGF23 (facteur de croissance des fibroblastes 23) améliore la phosphatémie, les scores de rachitisme, et l'état fonctionnel », se félicite la rhumatologue. Quelques études sont en cours chez les adultes. D'autres thérapeutiques sont également en développement, notamment au cours de la fibrodysplasie ossifiante progressive.
La filière OSCAR, la référence en termes de maladies osseuses rares
La filière OSCAR des maladies rares de l'OS, du CAlcium et du caRtilage, a été labellisée en 2014 dans le cadre du 2e Plan national maladies rares. Elle est issue du rapprochement de deux centres de référence, celui des MOC coordonné par la Pr Valérie Cormier-Daire (hôpital Necker) regroupant MOC, dysplasie fibreuse des os et syndromes d'Ehlers-Danlos non vasculaires, et celui des maladies du métabolisme du calcium et du phosphate coordonné par la Pr Agnès Linglart (hôpital Le Kremlin-Bicêtre). Ces deux centres coordonnent 11 sites constitutifs et 71 centres de compétence sur le territoire national. La filière OSCAR a pour objectif d’optimiser la prise en charge des patients, de renforcer le maillage national pour proposer un accès de proximité aux patients et de déterminer le parcours de soin adapté dans ces pathologies qui relèvent d’une prise en charge multidisciplinaire (plus de 25 disciplines médicales et paramédicales y participent !). Elle permet également de faciliter la recherche, de favoriser l’élaboration de protocole national de diagnostic et de soins, de produire des guides de bonnes pratiques et des outils innovants…
D’après un entretien avec la Pr Françoise DEBIAIS, Service de Rhumatologie, CHU de Poitiers.
Maladies osseuses rares, numéro coordonné par Françoise Debiais, Revue du Rhumatisme, Volume 86, Issue 1 & 2.
https://www.sciencedirect.com/journal/revue-du-rhumatisme-monographies/
Filière OSCAR : https://www.filiere-oscar.fr/
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