Le suicide est la deuxième cause de décès chez les 10-24 ans dans le monde. La tentative de suicide (TS) est définie par l’OMS comme tout acte délibéré visant à accomplir un geste de violence sur sa propre personne, avec une intentionnalité plus ou moins claire de mourir. Cette définition exclut les scarifications, qui ne s’accompagnent pas d’une volonté de mourir, ainsi que les jeux comme le jeu du foulard, qui constituent toutefois un équivalent suicidaire.
L’épidémiologie des TS chez les enfants de moins de 12 ans reste assez mal connue. « Selon le suivi de cohorte réalisé à l’hôpital Robert-Debré à Paris, environ 10 % des TS en pédiatrie concernent les moins de 12 ans, ce qui fait estimer leur prévalence à 0,7-0,8 %, note la Dr Coline Stordeur. Elles sont donc un peu moins fréquentes que chez les adolescents (prévalence de 7 à 8 %), mais sont loin d’être négligeables ». En outre, se pose la question d’une TS face à des événements comme une chute par la fenêtre d’un enfant de 10 ou 11 ans, parfois étiquetés à tort comme un accident.
Carence, maltraitance, abus
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Ces TS ont certaines spécificités. Elles sont grevées d’une plus grande létalité que chez les adolescents. Chez ces derniers, les TS sont neuf fois sur dix médicamenteuses, alors que chez les plus jeunes la pendaison, la strangulation ou la défenestration sont observées dans 30 % des cas.
L’intentionnalité est moindre que chez les adolescents. Il y a fréquemment une ambivalence et le geste est parfois si impulsif que l’enfant n’avait pas mentalisé la TS.
Les facteurs déclenchants sont souvent anodins : un conflit de la vie quotidienne, une mauvaise note, une punition… Le geste apparaît disproportionné.
S’il y a rarement un diagnostic psychiatrique sous-jacent, il faut être très attentif à l’environnement dans lequel l’enfant évolue : carence, maltraitance, abus, sont retrouvés dans de 30 à 50 % des cas. « Il faut systématiquement questionner l’enfant sur ce qui se passe à la maison, à l’école, où le harcèlement est une réalité dès la fin du primaire et le début du collège », rappelle la Dr Stordeur.
Un suivi pédopsychiatrique indispensable
La prévention primaire n’est pas simple, car les signes d’alerte sont peu fréquents. Il importe bien sûr de rechercher en consultation des troubles du comportement (sommeil, alimentation, jeu…) et surtout de ne pas être frileux en matière de signalement. « Dès lors que l’on pense à une possible maltraitance ou carence, l’évaluation doit être plus poussée, notamment de façon pluridisciplinaire (assistante sociale…) afin de juger de la pertinence d’une transmission d’information préoccupante (IP) », insiste la Dr Stordeur.
En cas de TS, l’enfant doit au minimum consulter dans un service d’urgences. D’une part pour qu’il soit vu par un pédopsychiatre, qui évalue le risque de récidive et la qualité du soutien familial, et, d’autre part, pour ne pas banaliser le geste. La HAS recommande une hospitalisation ; trouver une place peut toutefois être très difficile, tout du moins dans certaines régions.
Un suivi pédopsychiatrique est indispensable, au moins pendant une année. Le psychiatre vu aux urgences peut guider la mise en place du suivi, voire assurer 2 ou 3 consultations avant que celui-ci ne débute. Le risque de récidive est important, maximum dans les six mois suivant le geste : dans la cohorte parisienne, 88 % des récidives ont eu lieu dans les six premiers mois et, plus globalement, 10 à 24 % des enfants et adolescents récidivent dans l’année. De ce fait, sans dramatiser, il faut bien informer les parents et leur expliquer l’importance du suivi pédopsychiatrique et des mesures de prévention, comme la mise des médicaments sous clé, par exemple.
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