Le traitement précoce basé sur le lopinavir est réalisable et efficace chez le jeune enfant avant l’âge de deux ans en Afrique de l’Ouest à condition d’améliorer l’accès précoce au diagnostic de l’infection par le VIH. Tels sont les résultats préliminaires de l'étude ANRS MONOD présentés vendredi 22 avril lors de la conférence AFRAVIH qui s'est tenue à Bruxelles. Selon les travaux de l'équipe du Dr Valériane Leroy (INSERM U1027, Toulouse, et site ANRS PACCI Abidjan), la simplification de ce traitement chez les enfants en succès virologique stable avec de l’efavirenz est non inférieure au lopinavir en termes de succès virologique mais pose le problème d’émergence de mutations de résistances qui risque de faire échouer le traitement à plus long terme.
Le but de l'essai MONOD était d'évaluer une stratégie de simplification du traitement antirétroviral chez des enfants infectés par le VIH, traités avant l’âge de deux ans avec une trithérapie comprenant du lopinavir. Au bout d'un an, les jeunes patients en succès pouvaient « switcher » vers une stratégie d’épargne basée sur l’efavirenz, en une prise par jour. En amont de MONOD, les chercheurs devaient étudier la faisabilité du traitement précoce chez l’enfant dans les pays du Sud qui, bien que recommandé par l’Organisation mondiale de la santé, est encore peu mis en pratique.
Un diagnostic trop tardif
« Le premier constat est que le diagnostic pédiatrique de l’infection par le VIH est encore souvent trop tardif, explique le Dr Leroy, en médiane, les enfants ont été inclus dans l’essai et mis sous traitement à 13 mois de vie, alors que le traitement pourrait être mis en route dès deux ou trois mois de vie. »
Les auteurs insistent donc sur l'importance du développement du diagnostic précoce, indispensable à une mise sous traitement plus tôt. L’étude montre par ailleurs une bonne tolérance et efficacité du traitement initial basé sur le lopinavir, avec 78 % des enfants en succès virologique après 12 mois de traitement et une absence d’infériorité chez les enfants « switcheurs » par rapport à la poursuite de la trithérapie initiale sur le maintien du succès virologique (charge virale inférieure à 1 000 copies/ml).
Les auteurs ont cependant constaté davantage de mutations de résistance chez les enfants sous efavirenz. « Cette stratégie d’épargne pourrait être envisagée chez des patients avec une bonne observance, estime le Dr Leroy, mais, au final, la stratégie simplifiée ne nous semble pas devoir être recommandée en routine, afin de ne pas faire courir le risque d’un échec thérapeutique aux enfants. »
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