Grâce à une collaboration australo-française et au recours à la protéomique, les mécanismes physiologiques en jeu dans le syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique lié au Covid (abrégé PIMS ou MIS-C) sont désormais mieux compris. Ces travaux sont décrits dans « Nature Communications ».
« La protéomique nous a permis de rechercher simultanément des centaines de pro-
téines dans le sang, souligne Conor McCafferty du Murdoch Children's Research Institute de Melbourne, premier auteur. Notre étude montre que c'est un outil de recherche précieux pour comprendre les maladies. »
Au total, 54 échantillons biologiques provenant de trois groupes d'enfants ont été analysés : 20 ont été collectés chez des enfants en bonne santé au Royal Children's Hospital de Melbourne et 34 chez des enfants ayant été infectés par le Covid à l'hôpital Necker-Enfants malades (AP-HP), dont 5 ont développé un syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA) et 29 un PIMS.
Respectivement, 85 et 52 protéines étaient spécifiques au PIMS et au SDRA. « Les connaissances que nous avons de ces protéines nous permettent de comprendre quels systèmes biologiques sont affectés par ces deux syndromes », résume Conor McCafferty.
Deux récepteurs impliqués dans l'immunité médiée par les anticorps
Des voies physiopathologiques liées à l'inflammation (voie du complément) et à la coagulation ont été mobilisées de façon similaire entre les deux syndromes, mais ne sont pas du tout activées chez les sujets sains. Des spécificités entre PIMS et SDRA ont aussi été mises en évidence.
Dans le PIMS, « deux récepteurs impliqués dans l'immunité médiée par les anticorps ont été identifiés. Il s'agit du FcγR, récepteur de la partie constante des immunoglobulines, et du B-cell receptor (BCR) », rapporte la Pr Delphine Borgel du service d’hématologie biologique générale de Necker, co-auteure. Elle émet toutefois une réserve : « De nombreux patients ont reçu des immunoglobulines par voie intraveineuse, et on ne peut exclure que la sur-expression de ces deux récepteurs ne soit liée à ce traitement. »
Concernant le SDRA, « le scavenging récepteur de l'hème, qui permet de libérer et d'épurer l'hème plasmatique, a été identifié. C'est signe d'hémolyse. Mais on ne peut dire s'il s'agit de la cause ou de la conséquence du syndrome. Ce sont des pistes », poursuit la Pr Borgel. Le métabolisme du rétinoïde, lié à la vitamine A, est également affecté dans ce syndrome.
« Ce travail permet d'avoir une idée des voies impliquées. Mieux on comprend la physiopathologie, plus on est pertinent en termes de prise en charge et de diagnostic », estime la Pr Borgel.
C. McCafferty et al., Nat Commun, 2022. doi: 10.1038/s41467-022-29951-9En s
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