Agent infectieux cosmopolite, le virus respiratoire syncytial (VRS) est à l’origine d’infections épidémiques, avec un pic habituellement en décembre. Premier responsable de la bronchiolite, il touche particulièrement les nourrissons. Il serait à l’origine de 30 millions d’infections, 10 % d’hospitalisations et 60 000 décès à travers le monde (1). Les facteurs de risque identifiés sont le tabagisme passif, la pollution de l’air, la densité de population (crèches ou hôpitaux) et la présence d’une fratrie d’âge scolaire. Le VRS peut causer une atteinte respiratoire sévère chez les plus fragiles, que sont les prématurés, les nourrissons de moins de 6 semaines de vie, les enfants ayant des comorbidités (maladie respiratoire, cardiaque ou neuromusculaire chronique, immunodépression…).
Traitement symptomatique
Malgré une recherche thérapeutique intense, la base actuelle de la prise en charge est uniquement symptomatique. Pour la très grande majorité des enfants avec une infection à VRS limitée et relativement bénigne, les simples mesures de mouchage, d’hydratation et de traitement antipyrétique, en cas de fièvre mal tolérée, sont suffisantes. Concernant la bronchiolite, les multiples essais thérapeutiques impliquant bronchodilatateurs et/ou corticoïdes inhalés ou oraux n’ont jamais montré de différence significative contre placebo. Ils ne doivent pas être utilisés dans la bronchiolite aiguë du nourrisson. L’utilisation d’aérosols de sérum salé hypertonique (3 %) diminue la durée du séjour hospitalier mais n’a pas montré de bénéfice sur le taux d’hospitalisation (2).
La kinésithérapie respiratoire, spécialité française dans la bronchiolite, n’est pas indiquée systématiquement. Des études en aveugle, contre mouchage seul par le kinésithérapeute, n’ont montré aucun bénéfice sur l’évolution de la maladie et même parfois un effet délétère pour l’enfant (3). Sa seule utilité pourrait être la réévaluation quotidienne par un professionnel de santé, d’enfants dont la surveillance à domicile et la reconnaissance des signes de sévérité par les parents pourraient paraître difficiles.
Dans les formes plus sévères, avec retentissement important sur la prise alimentaire, l’oxygénation ou la décarboxylation, des soins de support en milieu hospitalier sont nécessaires : arrêt alimentaire oral transitoire avec alimentation entérale par sonde nasogastrique ou hydratation parentérale, oxygénothérapie, support ventilatoire, surveillance continue.
Vers un vaccin des femmes ou des nouveau-nés ?
Il n’y a actuellement pas de traitement antiviral efficace sur le VRS. Plusieurs nouveaux traitements antiviraux sont en cours de développement. Tous jouent, à un niveau ou à un autre, sur l’interruption de la production ou de l’action de protéines produites par le VRS pour en limiter ainsi sa pathogénicité. Leur effet clinique est pour le moment difficile à prévoir.
Des travaux prometteurs concernant un vaccin anti-VRS existent, pour des stratégies de vaccination des femmes enceintes ou du nouveau-né.
Pédiatre-infectiologue, chef de service, urgences pédiatriques et maladies infectieuses. Hôpital Roger Salengro (CHRU de Lille). Président du Groupe francophone de réanimation et urgences pédiatriques (GFRUP).
(1) Nair et al. Lancet 2010;375:1545-552
(2) Angoulvant et al. JAMA Pediatr 2017;171(8):e171333.3
(3) Gajdos et al. 2010;7(9):e1000345.
CCAM technique : des trous dans la raquette des revalorisations
Dr Patrick Gasser (Avenir Spé) : « Mon but n’est pas de m’opposer à mes collègues médecins généralistes »
Congrès de la SNFMI 2024 : la médecine interne à la loupe
La nouvelle convention médicale publiée au Journal officiel, le G à 30 euros le 22 décembre 2024