Dans quelle mesure, les enfants atteints de troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité (TDAH) sont-ils réellement plus à risque de comorbidités physiques ? Quelles sont les pathologies associées le plus souvent retrouvées ? Ces affections apparaissent-elles avant ou après le développement du TDAH ? Alors que jusqu'à présent, les données disponibles sur ce sujet provenaient principalement d'études transversales, une vaste étude de cohorte prospective menée au Canada apporte des éléments de réponse.
Les chercheurs du département de psychiatrie pour enfants et adolescents de l'université de Bordeaux, et du centre de recherche Inserm « Bordeaux Population Health », en association avec des équipes de l'université de Montréal et de l'université McGill, ont extrait les données de l'étude longitudinales québécoise sur le développement de l’enfant, qui suit plusieurs milliers d'enfants recrutés entre octobre 1997 et juillet 1998.
Leur travail a porté sur 2 120 enfants âgés de 5 mois à 5 ans, parmi lesquels 1 750 enfants ont été suivis jusqu'à l'enfance intermédiaire (entre 6 et 12 ans), et 1 573 jusqu'à l'adolescence (13 à 17 ans). Après prise en compte de différents facteurs de confusion, les chercheurs ont constaté que les symptômes du TDAH diagnostiqués au cours de la petite enfance étaient associés à un IMC élevé au cours de l'enfance intermédiaire ( surrisque de 19 %) et à l'adolescence ( surrisque de 14 %). Ces patients étaient également exposés à un risque plus important de blessures non intentionnelles à l'adolescence (+10 %).
Adapter le système de soin
Les auteurs constatent également que la persistance des symptômes, plus tardivement au cours de l'enfance, est associée à d'autres problèmes comme un surrisque de caries dentaires au cours de l'adolescence (+10 %). Ils notent aussi que la chronologie n'a pas un sens unilatéral, puisque les blessures non intentionnelles survenues lors de la petite enfance étaient associées à des symptômes ultérieurs de TDAH au milieu de l'enfance, et les symptômes du syndrome des jambes sans repos au milieu de l'enfance étaient associés à des symptômes ultérieurs du TDAH au cours de l'adolescence.
« Nos résultats soulignent la nécessité de surveiller attentivement les enfants atteints de TDAH dans la petite enfance ou au milieu de l'enfance pour détecter plusieurs troubles physiques, expliquent les auteurs. Il est crucial de comprendre ces associations temporelles via des études prospectives pour éclairer les stratégies de prévention », ajoutent-ils. Les chercheurs plaident pour la mise en œuvre de systèmes de soins de santé plus intégrés pour les enfants ayant des besoins mentaux et physiques complexes.
Les chercheurs Bordelais vont poursuivre leurs travaux, et s’intéresser aux mêmes associations, cette fois chez le jeune adulte de 20 à 25 ans. Des travaux similaires sont également prévus à partir des données françaises issues de la cohorte Elfe.
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