Face aux chiffres de la vaccination des enfants qui ne décollent pas, les sociétés savantes de pédiatrie* recommandent de présenter les preuves scientifiques clés aux parents pour aboutir à « une décision médicale partagée ».
Leur position, exprimée le lendemain de l'autorisation ministérielle le 23 décembre 2021, n'a pas changé, est-il indiqué dans un communiqué commun. Les sociétés savantes avaient alors insisté sur le fait que « la vaccination doit être proposée et non imposée (...). Tous les enfants, vaccinés ou non vaccinés doivent pouvoir garder une vie scolaire, sportive et sociale de qualité ».
Les pédiatres, tout en exprimant leur soutien aux recommandations officielles** d'étendre la campagne à tous les enfants, veulent donner la priorité à « la vaccination rapide de tous les enfants présentant des maladies chroniques (...) ou vivant au contact de personnes immunodéprimées », mais aussi « à la campagne de rappel vaccinal des adultes ».
Mais il reste qu'en France, seuls 4 % des 5 millions d’enfants âgés de 5-11 ans ont été vaccinés depuis la recommandation étendue à cette tranche d’âge en pleine vague Omicron qui n'épargne pourtant pas les enfants. « Certains parents doutent, constatant que des infections par Sars-CoV-2 se sont produites chez des sujets vaccinés et que beaucoup d’infections par le variant Omicron sont bénignes chez les adultes jeunes et les enfants en bonne santé », expliquent les pédiatres, soulignant que les interrogations des familles sont « légitimes ».
« Renforcer la relation de confiance »
Face à l'hésitation des parents, les pédiatres estiment essentiel « de renforcer la relation de confiance entre les professionnels de santé et les familles ». Et pour cela, il est important de partager l'information et de leur communiquer les preuves scientifiques « en vue d'une prise de décision acceptée ».
Les pédiatres listent ainsi les trois preuves phares de l'indication du vaccin chez les 5-11 ans :
- protection en premier lieu des enfants porteurs de maladies chroniques (liste établie par la Haute Autorité de santé), vis-à-vis des formes graves et des hospitalisations liées au Covid ;
- protection de tous les enfants vis-à-vis des réactions inflammatoires
multisystémiques (PIMS) survenant 2 à 6 semaines après une infection par le Sars-CoV-2 ;
- des données rassurantes de sécurité pour le vaccin à ARNm utilisé (Comirnaty, Pfizer) dans cette tranche d’âge : 8,6 millions d’enfants âgés de 5-11 ans ont déjà reçu au moins une dose et 6,2 millions ont reçu 2 doses sans signaux inquiétants aux États-Unis.
Pour le PIMS, les pédiatres estiment que les parents devraient être informés de la fréquence (depuis 2020, environ 450 cas en France parmi les 5 millions d’enfants âgés de 5-11 ans, soit 1 cas toutes les 4 000 infections) et aussi de sa gravité (60 % d’hospitalisations en soins critiques et 1 décès) ainsi que de l’efficacité confirmée de la vaccination contre le PIMS.
* Socité française de pédiatrie, Conseil national professionnel de pédiatrie, Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique, Association française de pédiatrie ambulatoire, Groupe francophone de réanimation et d’urgences pédiatriques, Groupe de pédiatrie générale sociale et environnementale
** Haute Autorité de santé, Conseil d’orientation de la politique vaccinale, Comité consultatif national d’éthique
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