Des recommandations françaises spécifiquement consacrées aux enfants de 6-12 ans ont été publiées fin 2024, sous l’égide de la Société pédiatrique de pneumologie et d’allergologie (1). Elles viennent compléter les recommandations déjà existantes, concernant les adolescents et les adultes. Retour sur les points clés.
• Définition de l’asthme et diagnostics différentiels à évoquer. Le diagnostic est avant tout clinique, et doit être assorti d’une radiographie thoracique, à la recherche d’un diagnostic différentiel, d’un bilan allergologique et d’une exploration fonctionnelle respiratoire. Sachant qu’il existe trois profils d’asthme chez l’enfant de 6-12 ans (« phénotypes ») : 85-90 % sont des asthmes de type T2 allergique (contre 56 % de l’ensemble des asthmes en population), répondant bien en général aux corticoïdes inhalés ; 5 à 10 % sont de type T2 éosinophilique non allergique, volontiers plus sévères, souvent associés à une altération de la fonction respiratoire mais pouvant répondre à de fortes doses de corticoïdes ; et moins de 5 % sont de type neutrophilique non allergique, généralement sévères et compliqués. « Phénotype pour lequel nous ne disposons pas de biothérapie à l’heure actuelle, rappelle la Dr Stéphanie Lejeune (CHU de Lille), souvent associé à des altérations fonctionnelles et dans lesquels il faut suspecter un environnement pathologique (tabagisme, pollution...). »
• Traitement initial : dorénavant, la sévérité au diagnostic doit être prise en compte dans le choix du niveau de traitement initial. Ainsi, on initiera d’emblée un traitement de fond correspondant à un palier élevé au décours d’une hospitalisation en réanimation pour asthme aigu grave, puis on fera une décroissance du traitement en cas de bon contrôle après quelques mois d’observation : c’est la stratégie « parachute puis escaliers ».
• Traitement d’urgence : c’est un bronchodilatateur de courte durée d’action (BDCA) à la demande qui est retenu à tous les paliers de traitement, « compte tenu du peu de données concernant les bronchodilatateurs de longue durée d’action (BDLA) en traitement d’urgence dans cette population », souligne la Dr Lejeune. Une différence avec les adultes, pour qui il est préférable d’utiliser une association corticostéroïdes inhalés (CSI)/BDLA en traitement d’urgence (stratégie Smart pour single maintenance and reliever therapy), et les adolescents, chez qui cette stratégie est recommandée lorsque le patient reçoit déjà une association CSI/BDLA en traitement de fond.
• Les paliers de CSI ont été revus à la baisse : « Nous nous sommes alignés sur les recommandations des experts du Gina, explique la Dr Lejeune, modifiant en conséquence les paliers de traitement. » Les doses sont dites faibles à ≤ 100 µg/jour équivalent fluticasone, moyennes à > 100-250 µg/jour et fortes à plus de 250 µg/jour.
• La stratégie de traitement proposée dans ces recommandations nationales tient compte de la pratique et des galéniques disponibles en France. Il a été défini pour chaque palier une stratégie prioritaire avec : au palier 1, pas de traitement de fond ; au palier 2, des CSI à faibles doses ; au palier 3, des CSI à doses moyennes ou une association CSI doses faibles/BDLA ; au palier 4, une association CSI à doses moyennes/BDLA ; au palier 5, des CSI à doses fortes associés à une évaluation de l’éligibilité aux biothérapies en lien avec un centre expert.
• Parcours de soins. Les places respectives du généraliste, du pneumo-pédiatre et du centre expert sont mises en avant. Lors d’asthme sévère, le centre expert vient réaliser une évaluation exhaustive de l’observance, des expositions environnementales, de la technique d’inhalation, des comorbidités allergiques ou non (obésité, anxiété, trouble respiratoire obstructif du sommeil), sans compter une caractérisation du profil d’asthme (« phénotypage »).
D’après un entretien avec la Dr Stéphanie Lejeune (CHU de Lille)
(1) Wanin S et al. Recommandations de la SP2A pour la prise en charge de l’asthme de l’enfant de 6-12 ans. Revue des maladies respiratoires 41 (2024) e1-e12
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