LA CHRONOTHÉRAPIE a le vent en poupe. Il nous semblera peut-être naturel demain de demander à une patiente asthmatique d’établir un calendrier des crises en lui recommandant d’y inscrire soigneusement la date de ses règles. Une étude norvégienne menée chez près de 4 000 femmes régulièrement réglées constate que les symptômes respiratoires varient en fonction du cycle, avec deux pics proéminents, l’un en milieu de phase lutéale et l’autre au milieu de phase folliculaire, avec une nette diminution autour de l’ovulation. « Les effets du cycle menstruel sur les symptômes respiratoires n’ont pas été bien étudiés dans la population générale jusque-là, commente l’auteur principal, le Dr Ferenc Macsali, de l’université de Haukeland à Bergen. (...) La découverte d’un effet du cycle menstruel sur les symptômes respiratoires est inédite. »
Pour autant, aucun schéma général ne peut être appliqué de façon universelle car les choses se complexifient très vite selon différents paramètres. D’une part, les courbes de survenue des symptômes varient selon les symptômes étudiés, qu’il s’agisse de la toux, des sibilants ou de l’essoufflement. Et d’autre part, les schémas varient en fonction de variables telles que le tabagisme, l’indice de masse corporelle (IMC) et l’asthme. « Ces résultats soulignent l’intérêt d’un traitement personnalisé des maladies respiratoires selon le schéma individuel de survenue des symptômes », poursuit le Dr Macsali.
Date des dernières règles.
Sur les 8 592 questionnaires envoyés par la poste à une population féminine, 3 926 ont été retenus pour l’analyse avec un taux de réponse de 77 %. Étaient exclues les femmes ayant des cycles irréguliers (n = 1 360), celles ayant une oligoménorrhée (n = 762), celles prenant la pilule (n = 1 023) ou un traitement hormonal (n = 634), les femmes enceintes (n = 260), ménopausées (n = 158) ou âgées de plus de 55 ans (n = 138). Le questionnaire envoyé posait plusieurs questions fermées (oui/non) sur les symptômes respiratoires ressentis au cours des 3 derniers jours. Quant au cycle menstruel, il était renseigné à partir de la date du premier jour des dernières règles. Le tabagisme était catégorisé de façon simple fumeuses/non-fumeuses (depuis toujours/ ex-fumeuses).
Deux pics proéminents.
Si les sibilants et l’essoufflement suivaient globalement la même courbe d’incidence, respectivement de J10 à J22 et de J7 à J21, « avec deux pics proéminents périovulatoires, avant et après le milieu de cycle (J14-J16) », le schéma de la toux était légèrement différent avec 2 pics également, mais où celui de la phase lutéale survenait avant les règles avec une amélioration nette ensuite. Des variations pour la toux étaient notées par sous-groupes avec une nette augmentation d’incidence juste après l’ovulation pour les asthmatiques, les sujets ayant un IMC ≥ 23 et les fumeurs, ou juste avant l’ovulation et le début des règles chez les sujets pauci-symptomatiques.
« Ces associations indiquent qu’il existe un lien entre les symptômes respiratoires et les variations hormonales via le cycle menstruel », expliquent les chercheurs norvégiens. Alors que le cycle menstruel est la conséquence d’interactions endocriniennes multiples, il est vraisemblable que « les courbes observées soient le résultat d’un processus complexe, plutôt que d’une seule hormone ». La diminution des symptômes à J14-J16 semble correspondre aux pics de d’estrogène, de LH et de FSH. Quant à la toux, elle semble répondre à « un processus distinct et plus complexe ». De là se profile l’idée d’une personnalisation des traitements chez les patientes ayant une maladie respiratoire, en particulier en cas d’asthme. « L’adaptation du traitement en fonction du cycle menstruel pourrait en améliorer l’efficacité et en diminuer le coût économique. »
American Journal of Respiratory Research and Critical Care Medicine, publié en ligne le 10 novembre 2012
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