Une société savante à l’action

Les pneumologues veulent se faire entendre

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Publié le 28/04/2023
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Le Pr Jesus Gonzalez, président de la SPLF, reconnaît que les pneumologues n’ont pas su se faire suffisamment entendre durant la crise Covid. Dans les deux prochaines années, la société savante va se mobiliser autour de grands thèmes : l’air qu’on respire et le parcours de soins du patient atteint d’une maladie respiratoire.
La crise Covid a été un électrochoc pour la spécialité

La crise Covid a été un électrochoc pour la spécialité
Crédit photo : GARO/PHANIE

Le Pr Jesus Gonzalez le reconnaît : la crise de la Covid 19 a représenté un tournant pour les pneumologues, qui ont pris conscience de la nécessité de mieux se faire entendre. « On a tous constaté que les pneumologues n’ont guère été mis en avant dans cette crise, alors qu’ils ont joué un rôle central dans la prise en charge des patients Covid. Et c’est vrai que cette crise a été un électrochoc pour nous. Cela nous a convaincus de la nécessité de nous mobiliser collectivement pour être mieux entendus et faire prendre conscience du problème de santé publique que représentent les maladies respiratoires. Nous pensions que cette réalité était connue du public et de nos décideurs. Mais, à l’évidence, ce n’est pas le cas », souligne le Pr Gonzalez, président de la Société de pneumologie de langue française (SPLF).

Mais comment communiquer, et sur quels thèmes ? Pour répondre à ces questions, la SPLF a choisi de réunir toutes les composantes de la pneumologie et les associations de patients. « C’est ensemble que nous avons choisi de nous mobiliser sur deux grands thèmes au cours des années à venir : ‘L’air qu’on respire’ et ‘le parcours de soins du patient atteint d’une maladie respiratoire’ », explique le Pr Gonzalez.

C’est donc d’abord sur l’exposome que la SPLF va concentrer son action. « C’est un terme inconnu du grand public mais aussi d’un certain nombre de professionnels de santé. Nous allons bien sûr parler de la pollution et toutes les agressions chimiques qu’elle provoque. Nous allons aussi évoquer toutes les allergies respiratoires et leur évolution, en lien avec le changement climatique. Enfin bien sûr, il sera aussi question des toxiques inhalés de manière volontaire, comme le tabac et tout ce qui l’accompagne », indique le Pr Gonzalez.

Changement climatique

La SPLF pourra aussi s’appuyer sur l’actualité autour du changement climatique pour mieux faire passer son message. « Dans le dernier rapport du Giec, on constate que les maladies respiratoires sont mentionnées 150 fois. C’est quand même un signe de l’importance de ces pathologies qui, on peut le rappeler, sont les deuxièmes les plus coûteuses en nombre de morbimortalité, après les maladies cardiovasculaires », indique le Pr Gonzalez.

L’autre grand thème est donc celui du parcours de soins du malade respiratoire. « C’est une priorité d’action pour les associations de malades, qui nous ont expliqué à quel point il relève du parcours du combattant pour beaucoup de patients. Nous avons l’obligation de mieux accompagner les malades tout au long de ce parcours. Cela commence par une mobilisation plus forte sur la prévention et le dépistage, en particulier du cancer du poumon. Mais ensuite, les pneumologues doivent être présents à toutes les étapes de ce parcours, jusqu’à la fin de la vie. Aujourd’hui, on constate que trop de patients meurent encore en souffrant d’étouffement (dyspnée). Ce n’est pas le cas dans les services de soins palliatifs où cette problématique de la dyspnée en fin de vie imminente est bien identifiée. Mais il y a encore trop de situations où cela n’est pas pris en charge dans les semaines ou mois précédents le décès », estime le président de la SPLF. L’autre priorité est de développer la prévention et le dépistage. « Nous avons mis en place pour cela deux groupes de travail, qui vont produire des recommandations et mener des actions de sensibilisation auprès des instances », explique le Pr Gonzalez, en précisant que, dans toutes ses actions, la SPLF entend ne jamais sortir de son rôle. « Celui d’une société savante qui ne va pas se mettre à communiquer par exemple auprès du grand public. D’autres le font déjà, et très bien », indique le président de la SPLF, en insistant sur la nécessité que toutes les instances de la pneumologie soient unies dans ce combat pour faire comprendre l’importance des maladies respiratoires et le rôle que jouent les pneumologues.

Exergue : « Il faut assurer un accompagnement jusqu’à la fin de vie »

Entretien avec le Pr Jesus Gonzalez, président de la Société de pneumologie de langue française (SPLF)

Antoine Dalat

Source : Bilan Spécialiste