L'hiver est la période des urgences respiratoire. C'est donc une thématique de saison qui va être mise à l'honneur du Congrès de pneumologie de langue française qui se tient à Marseille à partir d'aujourd'hui et jusqu'au 29 janvier.
Largement abordées par le Pr Ralph Epaud, chef du service de pédiatrie du centre intercommunal de Créteil, les urgences respiratoires de l'enfant sont notamment un sujet de préoccupation, à l'heure où les options thérapeutiques semblent se réduire. « Nous sommes confrontés à des épidémies de bronchiolites qui saturent les hôpitaux et les services de pédiatrie, explique le Pr Epaud. Il faut rapidement prendre en charge les bronchiolites des enfants de 3, 4 ou 5 mois. Chez les plus petits, le problème vient du fait que les symptômes sont discrets. Les parents doivent surtout faire attention à l'alimentation : si le bébé prend moins bien ses biberons, et consomme moins de la moitié de ce qu'il mange d'habitude, il faut consulter ! »
La kiné respiratoire et les solutés hypertoniques en question
Au niveau de la prise en charge, les études récentes ont réduit les options en montrant l'inefficacité de plusieurs approches thérapeutiques « On a montré que la kiné respiratoire, qui était dans les recommandations, n'améliore pas la durée d'hospitalisation, détaille le Pr Epaud, même si elle reste intéressante chez des enfants très encombrés pour faire sortir les sécrétions plus facilement. »
Plus récemment, une étude française, non encore publiée, menée par le Pr Vincent Gajdos, du service de pédiatrie de l'hôpital Antoine-Béclère tend à montrer que les solutés hypertoniques ne réduisent pas non plus la durée d'hospitalisation. Pour réduire l'impact des infections respiratoire chez l'enfant, certains envisagent la vaccination contre les VRS des femmes enceintes. « Des études menées en Argentine et aux États-Unis sont en cours, précise le Pr Epaud, au cours desquelles on a vacciné la maman enceinte pour diminuer le risque pendant les premiers mois de vie. La vaccination de l'enfant lui-même est moins intéressante à cause de leur immaturité immunitaire. »
En ce qui concerne les nouveaux médicaments, des molécules agissant sur le système non adrénergique et non cholinergique (NANC) sont à l'étude, mais « on en parle depuis plus de 10 ans, donc ça ne doit pas être évident à développer », nuance le Pr Epaud.
Embolie et syndrome de la passerelle
Autre sujet qui sera évoqué lors du congrès : le risque d'embolie pulmonaire après un voyage en avion. Qualifié de « syndrome de la passerelle » par le Pr Frédéric Lapostolle du SAMU 93 par ailleurs chargé de la prise en charge des urgences au sein de l'aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle. « Bien qu'il n'y ait que quelques cas par millions, avec 4 milliards de passagers par an et une augmentation constante des distances et du nombre de destinations », mesure le Pr Lapostole.
Le Pr Lapostolle a mené des travaux sur le timing de survenue de l'embolie. Sa conclusion : « Un patient qui s'écroule sur la passerelle, c'est une embolie pulmonaire, si c'est dans l'avion, c'est un infarctus », résume-t-il, tout en pourfendant certaines idées reçues. « On n'a jamais démontré que le risque est plus important en classe économique, affirme-t-il, ni que les conditions atmosphériques particulières (hypobarie, hydrométrie à 0) sont responsables d'un plus grand nombre de phlébites. »
Si les mécanismes sont connus, les facteurs de risques sont moins bien identifiés, en dehors de la durée du voyage et du sexe : 75 % à 95 % des patients sont des femmes selon les séries. « Les taux les plus importants proviennent de séries japonaises, précise le Pr Lapostolle ; une hypothèse veut que le risque soit lié à la petite taille, ce qui met les femmes, et surtout les Asiatiques, dans le groupe à risque car elles ont plus de pression derrière le genou. »
Le Pr Lapostolle conseille aux voyageurs de multiplier les mouvements de pieds et l'utilisation de chaussettes de contention. « Il convient aussi d'éviter l'alcool et les somnifères, ajoute-t-il. Les patients en prévention secondaire doivent consulter leur médecin avant un voyage. »
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