Un intérêt de la metformine dans l’asthme

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Publié le 19/12/2024
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Les diabétiques sous metformine, et plus encore sous association metformine/arGLP1 présentent moins de crises d’asthme, et ce, de façon indépendante du contrôle glycémique ou de la perte de poids.

Près d’un adulte sur dix est asthmatique et, parmi eux, près de la moitié sont en surpoids. De plus, un nombre non négligeable sont diabétiques. Or ; certains antidiabétiques semblent avoir un effet particulièrement intéressant sur l’asthme. Une récente étude britannique montre en effet que la metformine réduit de 30 % les crises d’asthme, risque encore réduit de 40 % supplémentaires en association à un agoniste-GLP1 (1). Et ce, via un mécanisme indépendant du contrôle glycémique. Ce qui ouvre de nouvelles pistes de recherche dans le traitement de l’asthme, commente l’éditorial accompagnant cette publication (2).

Une étude qui vient ajouter une pierre à l’édifice

Précédemment, des études sur modèle animal avaient montré que la metformine, ainsi que les agonistes GLP1, atténuent l’hyper-inflammation, l’hyperréactivité et le remodelage au niveau des voies aériennes. Une activité potentiellement intéressante dans l’asthme.

Par ailleurs, deux études d’observation, l’une américaine, l’autre taïwanaise, avaient rapporté qu’on observait moins de crises d’asthme chez les sujets sous metformine, sans que l’on ne puisse néanmoins totalement écarter un effet biais.

Aujourd’hui, cette étude de cohorte britannique bien documentée apporte une nouvelle pierre à l’édifice. Les auteurs sont partis d’une base de données britannique — U.K. clinical practice research datalink — recensant les données patients, leurs traitements, les hospitalisations et les décès. Ils ont sélectionné les patients asthmatiques ayant démarré un traitement par metformine entre 2004 et 2020. Ils ont ensuite analysé les relations entre metformine et crise d’asthme, en utilisant deux techniques. D’une part la technique des cas contrôles auto appariés (SCCS), qui porte sur de près de 4 300 patients. D’autre part, la technique de probabilité inverse de pondération de traitement (IPTW), qui porte sur 8 400 patients. Ces deux méthodologies permettant de limiter très fortement les biais inhérents aux études observationnelles.

Moins de crises sous metformine, encore moins sous metformine/GLP1

Le critère primaire est la survenue d’une crise d’asthme ayant nécessité un traitement court par corticoïdes, une hospitalisation ou ayant provoqué le décès.

L’analyse met en évidence une réduction significative des crises d’asthme chez les sujets sous metformine. Ce risque est réduit de 24 % (RR = 0,76 [0,67-0,85]) à 32 % (RR = 0,68 [0,62-0,75]). Chez les sujets sous metformine associée à un GLP1, ce risque est encore réduit de manière additive de 40 % (RR = 0,60 [0,49-0,73]).

En revanche, aucun des autres types d’antidiabétiques — sulfonylurées, insuline, inhibiteurs DDP4, inhibiteurs de SGLT2 — n’est associé à un effet sur les crises d’asthme.

Enfin, ce bénéfice est retrouvé quel que soit le sexe, le contrôle glycémique (HbA1c), l’IMC, la sévérité de l’asthme, le niveau d’éosinophilie. Ce qui tend à prouver que l’impact de ces antidiabétiques sur l’asthme n’est pas médié par la glycémie ou la perte de poids et s’exerce indépendamment du phénotype de l’asthme (à éosinophiles ou pas).

(1) B Lee et al. Antidiabetic Medication and Asthma Attacks. JAMA Intern Med 2024
(2) KN Cahill, D Foer. Borrowing From the Type 2 Diabetes Armamentarium for Asthma. JAMA Intern Med 2024

Pascale Solère

Source : lequotidiendumedecin.fr