Pourquoi prescrire un antipsychotique dans un trouble anxieux ? Il faut repenser la terminologie des traitements psychiatriques. Voilà ce que suggère un collectif de neuropsychopharmacologues pour lesquels la classe d’un médicament peut influencer un patient de façon extrêmement négative. « En psychiatrie, les traitements peuvent parfois générer plus d’inconvénients qu’ils n’en résolvent. Exemple, un patient anxieux qui se voit prescrire un antidépresseur ou un antipsychotique avec toute la stigmatisation que cela génère peut devenir encore plus anxieux rien qu’à l’énoncé de la classe du produit prescrit », a expliqué le Pr Josef Zohar (Tel Aviv, Israël), lors de la présentation de ce projet de nouvelle nomenclature au congrès de neuropsychopharmacologie qui se tient en ce moment à Berlin.
Les neuropsychopharmacologues proposent de modifier complètement la terminologie des traitements utilisés pour les troubles mentaux pour passer d’une classification actuelle basée sur les symptômes (anxiolytiques, antidépresseurs, antipsychotiques), à une classification pharmacologique s’appuyant sur le mode d’action.
« Dans beaucoup de domaines différents ce que nous connaissons des traitements a considérablement évolué depuis les années soixante, a expliqué le Pr Josef Zohar, qui a conduit ce projet de nouvelle nomenclature , en revanche, la classification, elle n’a pas bougé depuis les années cinquante. Quand j’utilise le clavier de mon smartphone pour envoyer un sms, je n’appelle pas ça une machine à écrire ; le langage doit évoluer avec notre connaissance. Il en va de la médecine comme de l’électronique. »
Changer les mentalités
« C’est bien plus qu’un nom à changer, a poursuivi le Pr Zohar. Cela change notre façon de penser les traitements, la façon dont nous aurons à expliquer le traitement aux patients et pourquoi nous avons sélectionné le traitement choisi parmi d’autres. Mais cela peut rendre la tâche plus facile. »
La nouvelle nomenclature présentée par les neuropsychopharmacologues repose sur 4 axes . L’axe 1 décrit la cible pharmacologique et le mode d’action ; l’axe 2, les indications et l’efficacité ; l’axe 3, les effets secondaires ; et l’axe 4 donne une description neurobiologique.
Exemple, pour la fluoxétine, bien connue sous nom commercial Prozac, est classée comme une antidépresseur mais elle est aussi prescrite dans d’autres indications comme la boulimie. Avec cette nouvelle classification, voici ce qui se passerait pour la fluoxétine :
– axe 1 : inhibiteur de la recapture de la sérotonine ;
– axe 2 : indications : trouble dépressif majeur, trouble obsessionnel compulsif, boulimie, trouble panique (et autres) ; efficacité : améliore les symptômes de la dépression, de l’anxiété, diminue les troubles compulsifs et les pensées obsessionnelles ;
– axe 3 : effets secondaires : symptômes gastro-intestinaux, anxiété, dysfonction sexuelle ;
– axe 4 : actions sur les neurotransmetteurs (avec description complète des circuits neuronaux concernés).
Les neuropsychopharmacologues entament des discussions et des négociations avec les professionnels concernés pour mettre en place cette nouvelle nomenclature.
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