Il y a eu le premier plan Santé Mentale, puis celui de 2011-2015. Et enfin, le plan Autisme présenté il y a presque un an par l’ancienne ministre déléguée aux personnes handicapées et à la lutte contre l’exclusion Marie-Arlette Carlotti. Il n’y a pas à dire, le champ de la psychiatrie évolue, lentement mais sûrement. Les défis qui se présentent tranchent résolument avec la psychiatrie des asiles, isolée de la société, autant pour les malades que pour les soignants. Aujourd’hui, le mot d’ordre, c’est la coordination.
Faire tomber les barrières
Souvent mise à l’écart, la santé mentale n’a pourtant rien d’anecdotique. Un français sur 4 sera au cours de sa vie concerné par des problèmes de santé mentale. Face aux obstacles financiers, politiques, sociaux, sanitaires, la santé mentale n’a pas le choix. Elle doit renouer avec l’esprit d’équipe. De nombreuses initiatives ont lieu en France, grâce aux soutiens financiers des ARS (Agence régionale de Santé) et du CNSA (Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie). Toute ont un moins commun : la volonté de décloisonner le champ de la santé mentale pour faciliter les collaborations entre les intervenants de la santé, de la justice, de l’éducation, du médico-social et des aidants. Autant dire que le défi est de taille. En Franche-Comté, par exemple, des plateformes de coordination ont vu le jour. Décrites comme une version évoluée du réseau, ces plateformes constituent un espace d’échanges entre professionnels de la justice, du médico-social, et de la santé. Le dossier informatisé pourrait en être un des garants. Leur objectif est de diminuer les ruptures, grâce au déploiement d’une culture commune et d’actions ciblées par territoire. L’une d’elles est la fluidification du parcours hospitalier des personnes en situation de handicap psychique. Des conventions obtenues auprès des services d’urgences et de psychiatrie ont permis de faire diminuer respectivement le temps d’attente aux urgences de 4 heures à 1 heure 30, et le temps d’admission à 24-48 heures. Ce grâce à un système d’admissions directes dans les services ou établissements connus du patient.
Trouver un langage commun
Autre nouveauté, mise en place dans six régions de France : le dispositif ITEP (Instituts Thérapeutiques Éducatifs et Pédagogiques). Ces instituts qui accueillent des enfants en situation de handicap psychique (troubles du comportement majoritairement) sont accompagnés par 6 ARS, la CNSA, et la DGCS (Direction Générale de la Cohésion Sociale) pour conduire ce projet pilote. Leur objectif est de mettre en cohérence les multiples « projets personnalisés » d’un enfant. Ce dernier étant souvent balloté entre la pédopsychiatrie, la protection judiciaire, l’Éducation Nationale, etc. Mis en place depuis 1 an mais pétri de complexité, le dispositif pilote a été renouvelé pour une année supplémentaire.
Changement de paradigme
Cette volonté de coordonner les prises en charge n’a rien de récent. Le premier plan de Santé Mentale avait déjà fait état de cette nécessité. Mais faute d’avancées majeures en la matière le plan Santé Mentale 2011-2015 en a fait son cheval de bataille. Prévenir et réduire les ruptures, tel en est le crédo. C’est pour cette raison que ce dispositif testé en ITEP constitue un véritable laboratoire du champ médico-social. Même si ça n’est pas le seul, et que le récent plan Autisme amène d’autres initiatives similaires à se construire. Comme celle de l’ARS Haute-Normandie, qui met en place une prise en charge « intégrée » des autistes, prenant pour exemple le concept né au Canada. La constitution d’une équipe intermédiaire mobile d’appui au diagnostic, qui vient soutenir les équipes de terrain, en est le reflet. Autant de projets dynamiques qui font espérer un renouveau du système de soins. Où la santé mentale fait figure d’emblème. Le changement, c’est maintenant ?
Source : Troubles psychiatriques et santé mentale : des enjeux de société, Point presse Alcimed du 11 avril 2014
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