Informer sans inciter, la frontière est ténue. Sur des sujets aussi sensibles que les conduites suicidaires, les écrits peuvent s’avérer très délétères. Le simple fait de décrire les circonstances d’un suicide, ou de donner au geste une aura de romantisme peut suffire à susciter le passage à l’acte chez les personnes fragiles.
Le phénomène ne date pas d’hier : Goethe, en 1774, avait provoqué une vague de suicide avec la publication de son premier roman « Les souffrances du jeune Werther » dans lequel son jeune héros mettait fin à ses jours après avoir été éconduit par Charlotte. Dans toute l’Europe, des jeunes s’étaient suicidé dans les mêmes circonstances, le livre de Goethe posé à proximité.
Deux siècles plus tard, le suicide très médiatisé de Marilyn Monroe, présenté comme un acte plein de romantisme, avait provoqué une augmentation de 12 % des suicides aux USA dans le mois suivant son décès, et de 10 % en Grande-Bretagne.
Des internes mobilisés
« Les jeunes sont très vulnérables à l’effet de contagion. Communiquer autour du suicide entraîne un risque d’incitation », explique Charles-Edouard Notredame, président de l’Association des internes et anciens internes en psychiatrie de Lille, qui lance un programme de sensibilisation en partenariat avec la fédération régionale de recherche en santé mentale du Nord-Pas-de-Calais et le Groupement d’études et de prévention du suicide.
Baptisé Papageno - du nom de l’oiseleur de La Flûte enchantée de Mozart qui renonce à se suicider grâce à l’intervention de trois enfants - ce programme vise à améliorer la qualité du traitement médiatique du suicide pour tenter de le prévenir. Dans cette optique, des internes en psychiatrie se rendront dans toutes les écoles françaises de journalisme pour sensibiliser les étudiants à leur responsabilité sur cette problématique.
Sans éluder le sujet, les futurs journalistes sont invités à traiter du suicide de manière précautionneuse pour prévenir le risque suicidaire. L’OMS a publié des recommandations dans ce sens : elle invite à mettre l’accent sur la souffrance des proches, et les signes d’alerte exprimés par la personne avant son passage à l’acte. Et dissuade les journalistes de publier des photos ou des détails sur la méthode employée.
Pour Patrick Poivre d’Arvor qui a accepté de parrainer le programme, « les mots justes pour évoquer le suicide ou la tentative de suicide existent et s’écrivent. Y être attentif, c’est transmettre, de façon responsable, une information respectueuse de la souffrance. Et être conscient qu’au bout de la plume, il y a une personne ».
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