Il se voulait électrochoc. Le film de l'association de Soins aux professionnels de santé (SPS) destiné à interpeller sur le suicide des soignants suscite à tout le moins la polémique (voire la colère) au sein des spécialistes de la prévention du suicide.
Le programme Papageno, qui entend lutter contre la contagion suicidaire en aidant (notamment les journalistes) à choisir les bons mots, invite sur Twitter à ne pas relayer cette fiction qualifiée de « spot promotionnel ». Elle précise par ailleurs avoir prévenu en amont la direction générale de SPS.
Pour toutes les raisons qui font l’essence même de notre action, nous invitons à ne pas relayer le spot de @AssoSPS De nombreux soignants pourraient être affectés par son visionnage. Est-ce une démarche intentionnelle de leur part pour générer des appels ?? #honteux
— Papageno Programme (@PapagenoSuicide) August 31, 2022
Destigmatiser en choquant ? Les revues de littérature et meta analyses en sécurité routière montrent que ce type de com peut générer peur, colère, tristesse, regret ou honte… Par ailleurs ce type de msg affecte les proches endeuillés par #suicide donc ? TW !
— Papageno Programme (@PapagenoSuicide) August 31, 2022
Un message soutenu par plusieurs psychiatres, comme le Dr Bertrand Lavoisy (chef de service EPSM Lille Métropole).
Le degré zéro de la communication, un spot qui renvoie une émotion négative brutale et violente en totale contradiction avec le message positif de prévention … à vomir
— Bertrand Lavoisy (@blavoisy) August 31, 2022
Ou encore par le Pr Thierry Baubet, chef du service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent (hôpital Avicenne AP-HP, université Paris 13, Sorbonne Paris Cité) et, sous pseudonyme, Burns Franck.
Ça fait un certain temps que des voix d’internes ou de jeunes médecins mettent en garde sur cette asso qui est promue par les ARS mais dont le modèle et la qualité interrogent. Cc : @Littherapeute @flouriot_julien @ARS_IDF https://t.co/p5uLxJx2OI
— Thierry Baubet (@TBaubet) August 31, 2022
La description crue voire violente des méthodes est à proscrire au risque de favoriser les passages à l’acte de personnes en situation de fragilité. Revoyez votre spot SVP.
— Burns Franck (@FranckBurns) August 30, 2022
Sur son compte Litthérapeute, l'interne consacre plusieurs messages à la nécessité de parler avec justesse du suicide. Et de s'interroger sur une éventuelle volonté de la part de l'Asso SPS de « faire du buzz » au nom de motifs lucratifs.
La fameuse « association » SPS, inscrite au tribunal du COMMERCE, qui renvoie les appelants vers des cliniques PRIVÉES ou des professionnels de SECTEUR 2, aurait-elle à cœur de faire du CHIFFRE en brandissant la souffrance des soignants dans le mépris de la psychologie de base ? https://t.co/Y5D8RIIuLd
— Litthérapeute (@Littherapeute) August 31, 2022
Défense de SPS au nom de l'action
Le président de SPS, le Dr Éric Henry, médecin généraliste, reste droit dans ses bottes, se défendant de toute instrumentalisation de la souffrance des soignants.
Bonjour nous avons bien assez d’appels mais nous désirons que tous les français puissent appeler une plate-forme ouverte H 24 gratuite et confidentielle. C’est fait pour les professionnels de santé mais pas pour les autres Francais Voilà un combat qu’il faut mener ensemble!
— Eric Henry (@DrEricHenry) August 31, 2022
Et de dénoncer un certain immobilisme du système actuel (tout en écorchant le nom de Werther, qui renvoie au suicide mimétique).
Et toujours plus de 9000 morts par suicide par an….merci Welther.
— Eric Henry (@DrEricHenry) August 31, 2022
Il faut savoir analyser ces résultats et remettre en question cette affirmation. Cet immobilisme permet surtout et encore, toutes les heures qui passent, à un(e)français(e) de mourir par suicide.
Pour rappel, le numéro national de prévention du suicide est le 3114, accessible 24h/24 et 7j/7.
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