Entretien avec le Pr Daniel Widlöcher (1)
LA PSYCHANALYSE proprement dite est un traitement d’exception. C’est aussi une formation à l’écoute clinique pour des psychiatres. Et c’est une expérience particulière : que ce soit pour le futur psychanalyste lors de sa thérapie, mais aussi pour certains patients, qui peuvent faire une psychothérapie pour raisons personnelles, ou encore pour tout un chacun.
En revanche, dans le soin, c’est un mode de traitement particulier qui s’insère dans la psychothérapie. Une forme de thérapie que peuvent utiliser les psychiatres formés à cette approche particulière. Elle est essentiellement utilisée dans les névroses sévères. Et encore, chez des patients susceptibles d’en tirer profit. La fréquence et durée des séances ainsi que la longueur du traitement n’ont d’ailleurs rien à voir avec ceux d’une psychanalyse. Il s’agit d’une étape dans la prise en charge du malade.
Névroses.
La psychothérapie psychanalytique est surtout indiquée dans les névroses sévères. Dans les psychoses, a contrario, son utilisation reste un sujet épineux. Certains ont travaillé sur cette approche, mais c’est une pratique très particulière et extrêmement délicate, donc à part.
Dans les grandes névroses, la psychothérapie psychanalytique est en revanche un outil éventuellement utile. Par exemple, dans les grandes névroses obsessionnelles ; ce n’est pas pour autant toujours le cas. Elle peut aussi compléter le traitement après une thérapie médicamenteuse.
Dans tous les cas, le choix de recourir à une psychothérapie psychanalytique va dépendre du diagnostic psychiatrique, des indications thérapeutiques et des capacités du praticien à utiliser cet outil. La thérapie psychanalytique s’intègre en effet dans une thérapie globale. Idéalement, on devrait au préalable avoir évalué toutes les méthodes disponibles, à la recherche de la meilleure prise en charge, à un instant donné de la maladie. Quitte à adresser le patient à un collège si l’on est pas soi-même formé.
Psychothérapie psychanalytique et chimiothérapie.
Autrefois, il y avait un antagonisme radical entre chimiothérapie et psychothérapie. Aujourd’hui, le choix du traitement est plus proche du malade, avec une articulation plus souple, au cas par cas, qui n’écarte pas la possibilité d’associer chimiothérapie et psychothérapie. Globalement, on a donc deux cas de figures : traitement associé ou traitement séquentiel. Il peut, par exemple, être utile de commencer par le traitement médicamenteux pour aider, soulager le patient, avant de se lancer dans une psychothérapie quand on n’a pas tout obtenu. Au contraire, devant de graves problèmes personnels relevant a priori plus de la psychothérapie, on commencera d’abord par une psychothérapie, qui peut les aider sur le plan général mais aussi peut être sur les symptômes.
(1) Psychiatre, docteur en psychologie et psychanalyste, Paris.
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