BON NOMBRE de psychiatres ont visiblement toujours en travers de la gorge le rapport sur la prise en charge des enfants autistes rendu public en mars par la HAS. « En théorie, la HAS est une instance scientifique indépendante, mais, dans le cas présent, elle n’a pas eu une démarche véritablement scientifique. Elle a surtout été prisonnière d’un lobbying conduit par des associations de parents très toniques », estime le Pr Golse. Dans ses conclusions, elle avait recommandé les approches éducatives, comportementales et développementales, en particulier les programmes ABA, de Denver, ou TEACCH. En revanche, elle avait classé dans les interventions « non consensuelles » les approches psychanalytiques et la psychothérapie institutionnelle. « Ce terme de " non consensuelles " ne me choque pas en soi car la psychothérapie ne pourra jamais être consensuelle. Ce qui nous ennuie, c’est le fait qu’on recommande comme méthode unique des programmes de type ABA, alors que cette approche est très contestée chez les enfants autistes et n’a jamais été validée sur le plan scientifique », précise le Pr Golse.
Ce dernier le reconnaît : aucune méthode n’a pour l’instant été validée dans la prise en charge des enfants autistes. « Mais je constate que l’effort de validation est beaucoup plus important du côté des psychothérapies que du côté de l’ABA », explique le Pr Golse, en mettant en avant l’étude lancée en 2008 par la Fédération française de psychiatrie et l’INSERM, qui vise à évaluer des psychothérapies délivrées à 90 enfants. « Les premiers résultats sont prometteurs, mais il faut attendre la fin de l’étude pour vraiment communiquer sur ce travail. »
En attendant, le rapport de la HAS n’est pas resté sans conséquences. « C’est ce point qui est vraiment le plus ennuyeux. Depuis la sortie du rapport, on a vu des établissements renvoyer du jour au lendemain des psychothérapeutes qui ne sont pas des thérapeutes cognitivo-comportementalistes. Des traitements en cours ont parfois été interrompus. Il y a aussi eu un effet sur les crédits qui désormais vont plus volontiers vers l’éducatif et le médico-social que vers le soin. Tout cela est regrettable car les enfants ont besoin de toutes ces approches. Ils ont besoin d’être scolarisés quand cela est possible et nous travaillons main dans la main avec les parents dans ce sens. Ils ont aussi besoin d’éducatif, de rééducatif (orthophonie, psychomotricité), mais aussi de psychothérapie. L’approche psychothérapique aide les enfants, les familles mais aussi les autres intervenants autour de l’enfant. Un orthophoniste, par exemple, aura plus de facilité à travailler auprès d’un enfant qui est en thérapie », souligne le Pr Golse.
D’après un entretien avec le Pr Bernard Golse, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Necker, Paris.
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