L’ablation de la fibrillation atriale persistante assistée par intelligence artificielle (IA) donne de meilleurs résultats que la procédure classique, selon les résultats de l’essai clinique Tailored-AF mené dans 28 centres. Cet essai est le premier réalisé dans le domaine de la chirurgie interventionnelle assistée par IA.
Sur les 370 patients présentant une fibrillation atriale résistante aux traitements pharmacologiques recrutés dans 5 pays (France, États-Unis, Allemagne, Belgique et Pays-Bas), 187 qui ont bénéficié d’une ablation cardiaque personnalisée guidée par IA de Volta en plus de l’isolation des veines pulmonaires (IVP), ont été comparés à 183 patients qui ont reçu le traitement conventionnel par IVP. Les résultats de ces travaux ont été publiés dans Nature Medicine.
Au cours des 12 mois de suivi, les patients opérés avec l’assistance de l’IA Volta AF-Xplorer mise au point par l’entreprise marseillaise Volta Medical avaient significativement moins de récurrence de fibrillation atriale, avec ou sans médicaments antiarythmiques, que les patients qui ont bénéficié d’une isolation des veines pulmonaires simple (88 % contre 70 %).
Les auteurs indiquent qu’il n’y avait pas de différence significative entre les deux groupes après une seule ablation. Il fallait attendre 1,2 ablation en moyenne pour voir la différence apparaître (sur les 180 patients à avoir complété le suivi dans le groupe guidé par IA, 47 ont nécessité une seconde procédure).
Pas de procédure pleinement satisfaisante jusqu’à ce jour
« L’isolation des veines pulmonaires constitue aujourd’hui la pierre angulaire des stratégies d’ablation dans la fibrillation atriale, mais la procédure optimale n’a pas été à ce jour identifiée », insistent les auteurs qui évoquent des taux de réussite clinique peinant à atteindre les 50 %. Ces dernières années, un nouveau protocole d’ablation a vu le jour. Il se base sur l’identification des zones atriales via des électrogrammes (EGM) mesurés par des électrodes multiples introduites via des cathéters. Des décalages spatiotemporels (DST) significatifs sont ainsi repérés sur plusieurs voies adjacentes. En prenant en compte ces phénomènes, appelés dispersions spatiotemporelles, il est théoriquement possible de repérer les régions à opérer, améliorant au passage le taux de succès des interventions.
Problème : l’identification des DST est actuellement faite par le cardiologue interventionnel pendant l’intervention, ce qui peut générer des erreurs. Plusieurs études, de petites tailles et monocentriques, ont comparé IVP seule à IVP plus ablation des DST sans parvenir à démontrer la supériorité de cette dernière approche. Le but de Volta AF-Xplorer est donc de mieux cartographier les DST à traiter, en établissant des « clusters » de ces anomalies sur la base des EGM.
Plus de bénéfices sur les fibrillations les plus anciennes
Les chercheurs se sont intéressés de plus près aux patients atteints de fibrillation atriale persistante soutenue depuis au moins 6 mois avant l’inclusion. Le bénéfice le plus important était constaté chez ces patients dont la fibrillation atriale était la plus ancienne. Les auteurs ne font état d’aucune différence significative en ce qui concerne la sécurité entre les deux groupes (avec IA et sans), malgré le fait que le temps d’intervention était deux fois plus long dans le groupe guidé par IA.
Les auteurs espèrent que cette nouvelle solution d’IA pourra se combiner avec d’autres innovations dans le champ de l’ablation de la fibrillation atriale comme des cathéters à empreintes plus large ou l’utilisation de champs pulsés.
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