« Notre chef de service, le Pr Philippe Dieudé, souhaitait mettre en place une structure dédiée à la prise en charge des arthrites aigues récentes, à l’image de ce qui existe dans d’autres pays européens, notamment aux Pays-Bas, explique le Dr Esther Ebstein, praticien hospitalier dans le service de rhumatologie de l’hôpital Bichat. Nous avons beaucoup travaillé sur cette réalisation et défini de manière collective notre objectif, qui est d’assurer la prise en charge dans un délai maximum de 48 heures des patients présentant une suspicion d’arthrite, quelle que soit la localisation, et dont l’évolution est inférieure à quatre semaines. »
La direction de l’hôpital a rapidement été séduite par le projet dont les atouts ont été depuis largement confirmés : une prise en charge spécialisée et centralisée des patients dans des délais courts ; un accès direct à une expertise rhumatologique sans passage par le service des urgences ; une diversification de pratiques et un périmètre géographique d’action élargi pour les soignants ; un élément d’attractivité pour les internes et, pour le diagnostic d’arthrite aigüe microcristalline, une forte satisfaction des rhumatologues de ville du fait de l’analyse systématique par microscopie du liquide articulaire avec identification des cristaux. « En termes de santé publique, il est également prouvé que les filières de centres d’arthrite sont médico-économiquement intéressantes, complète le Dr Esther Ebstein. Par exemple, si un traitement de polyarthrite intervient dans les six semaines suivant le début des symptômes, la probabilité de placer le patient en rémission au long cours et sans traitement sera plus élevée que si la prise en charge démarre entre 7 et 12 semaines. Le patient, plus rapidement soulagé, bénéficie en outre de nos messages de prévention et il est convié à nos journées d’éducation thérapeutique ».
Deux anciennes chambres reconverties
Deux salles, des anciennes chambres transformées, sont dédiées à l’activité du CAAB : la première, qui compte trois fauteuils confortables séparés par des paravents, sert à la réalisation d’examens biologiques tandis que la seconde, équipée d’un échographe et d’un microscope optique à lumière polarisée, est réservée aux consultations et gestes.
En pratique, dès lors qu’une demande est transmise par un médecin libéral ou hospitalier, par mail, téléphone ou via le formulaire disponible sur le site internet du centre, l’infirmière du service propose un rendez-vous au patient concerné dans les 48 heures. Le jour J, elle prend ses constantes, réalise les bilans sanguins nécessaires et fait le lien avec les médecins. « Nous réalisons les ponctions articulaires avec ou sans échographie selon la localisation. Tous les examens se déroulent au même endroit sur une durée qui ne dépasse pas deux heures. Et nous avons réorganisé notre activité afin qu’il y ait un rhumatologue senior référent pour chaque jour », souligne le Dr Esther Ebstein.
Cinq médecins, un interne et une infirmière exercent ainsi au sein du CAAB dont la notoriété va croissante. En amont de l’ouverture, un important travail de communication avait été mené auprès de différents services des urgences, de médecins généralistes et spécialistes et des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). « Le bouche à oreille fonctionne aussi très bien. Même les Urgences de Rambouillet nous ont adressé des patients. Et nous sommes aussi sollicités pour présenter notre centre et répondre aux questions de collègues d’autres hôpitaux qui souhaitent dupliquer le dispositif ».
Conjuguant renforcement de l’attractivité et valorisation de l’innovation, le CAAB a également formé, dans le cadre d’un protocole de coopération, quatre infirmières aux ponctions évacuatrices du genou à visée diagnostique.
Plus de 900 patients pris en charge
Après une année d’existence, le CAAB a pris en charge un peu plus de 900 patients : un tiers pour des rhumatismes inflammatoires, un tiers pour des atteintes microcristallines, essentiellement de la goutte, un peu moins d’un tiers pour des pathologies mécaniques – une gonarthrose en poussée congestive ou une fissure osseuse par exemple – et le reste pour des problématiques sceptiques, principalement des bursites.
50% des patients ont ensuite été suivis à l’hôpital et 10% y ont été hospitalisés. Les actes – analyses biologiques, échographie, évaluation médicale – sont codés en prestation intermédiaire ou en hospitalisation de jour si un geste complète le bilan.
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