L’étude MEASURE 1 a inclus 371 patients avec spondyloarthrite ankylosante (SA) active, âgés en moyenne de 40 ans, avec une durée d’évolution de la maladie de 6 à 8 ans et une réponse inadéquate aux anti-TNF chez un peu plus d’un quart d’entre eux. La randomisation a alloué ces patients à un bras secukinumab IV 10 mg/kg à 0, 2 et 4 semaines puis SC toutes les 4 semaines à la dose de 75 mg (n = 124) ou 150 mg (n = 125) ou à un bras placebo (n = 122) administré selon les mêmes modalités,
Le critère principal d’évaluation était le pourcentage de patients avec réponse ASAS20 à 16 semaines, soit :
59,7 % dans le bras secukinumab 10 mg/kg IV puis 75 mg SC, 60,8 % dans le bras secukinumab 10 mg/kg IV puis 150 mg SC, 28,7 % dans le bras placebo (p ‹ 0,01 pour chacune des doses),
La supériorité significative des deux dosages de secukinumab par rapport au placebo a été observée à la fois chez les patients en échec d’anti-TNF et chez ceux n’en n’ayant jamais reçu, respectivement 58,8 % et 45,5 % versus 18,2 % et 60 % et 66,3 % versus 32,6 % (p ‹ 0,01 pour chacune des doses).
Il existe également une amélioration significative (p ‹ 0,01) de tous les critères secondaires dans les deux bras secukinumab (ASAS40, ASAS rémission partielle, ASAS5/6, BASDAI/départ, qualité de vie SF36 et ASQoL)
Des améliorations significatives ont été documentées dès la première semaine de traitement et les réponses ont globalement été maintenues jusqu’à la semaine 52.
Le secukinumab a été généralement bien toléré, avec un profil conforme à celui constaté dans les essais menés dans le rhumatisme psoriasique et le psoriasis et sans aucun nouveau signal.
Cet anticorps monoclonal anti-IL17 poursuit donc son développement très favorable dans la sphère des spondyloarthrites (SpA). Rappelons qu’il a fait preuve d’une grande efficacité dans les essais de phase 3 dans le psoriasis aux doses de 150 mg et de 300 mg en S/C par semaine, avec une supériorité supplémentaire à 300 mg ; il a également montré, dans une étude « head to head », sa supériorité vis-à-vis de l’étanercept 50 mg/sem.
Cette année, le champ rhumatologique apparaît avec, d’une part, cette communication en séance plénière, consacrée à la spondylarthrite ankylosante (SA) répondant aux critères de New York, d’autre part 3 communications orales sur deux études de phase 3 dans le rhumatisme psoriasique (RPso). Ces deux études, FUTURE 1 (606 patients) [1] et FUTURE 2 (397 patients) [2], différaient par leurs modalités posologiques du secukinumab : dans les deux cas une période de « charge » de 4 semaines avant de passer à « l’entretien » hebdomadaire en sous cutané ; dans FUTURE 1, cette charge se faisait par voie IV (10 mg/kg), comme dans l’étude SA, alors que dans FUTURE 2 le produit ou le placebo étaient d’emblée administrés par voie S/C ; dans FUTURE 1 deux doses S/C étaient testées, 75 mg ou 150 mg, alors que FUTURE 2 comprenait en plus un bras à 300 mg. Le critère principal (efficacité à S24) a été largement atteint dans tous les groupes secukinumab (50,5 % de répondeurs ACRE 20 sous 150 mg, 50 % sous 150 mg, 17,3 sous placebo dans FUTURE 1, 24 % sous 300 mg, 51 % sous 150 mg et 29,3 % sous 75 mg, contre 15,3 % sous placebo dans FUTURE 2). Si l’on veut éviter la voie IV comme dans FUTURE 2, la dose de 75 mg sera probablement abandonnée, ce qui rejoint les doses efficaces observées dans le psoriasis. Pour ces doses, les critères ACR50 sont également significatifs, de même que la réduction des enthésites et des dactylites éventuelles ; l’efficacité a été obtenue avec ou sans méthotrexate, chez les naïfs d’anti-TNF comme chez les répondeurs insuffisants à ces biologiques. Ajoutons que l’efficacité structurale du produit a été établie dans FUTURE 1.
La tolérance paraît très satisfaisante. Quelques cas d’infection candidosique de localisations seulement muqueuses (digestives ou gynécologiques), ont été rapportés, ce qui est cohérent avec le mécanisme d’action du produit (l’IL-17 joue un rôle favorable dans les défenses contre ce type d’agent pathogène).
Voilà donc une avancée thérapeutique de grande efficacité dans le psoriasis et les SpA. La première autorisation, dans le psoriasis d’abord et par la Food and Drug Administration (FDA), semble très proche. Les prescriptions plus larges aideront à affiner encore le profil de tolérance, en particulier dans le domaine des infections.
(1) Abstract 953 et 954
(2) Abstract LB1
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