L'uricémie doit être ramenée et maintenue à une valeur strictement inférieure à 60 mg/l (360μmol/l) afin d'éviter les conséquences rhumatologiques, néphrologiques et cardiovasculaires d'une hyperuricémie chronique.
« Une valeur plafond dont les patients sont, semble-t-il, peu conscients », note le Pr Luc Fernandez, médecin généraliste (université Pierre et Marie Curie). En cas d'hyperuricémie chronique, des mesures hygiéno-diététiques sont à prescrire, complétées en cas de manifestations cliniques par un traitement médicamenteux de fond, à vie. L'enquête observationnelle ADAGIO (fActeur D'adhésion A la prise en charGe du patient gOutteux en médecine générale, laboratoires Menarini), tentait d'identifier les facteurs d'observance à la prise en charge des patients goutteux en médecine générale. Quelque 630 médecins généralistes y ont participé. Ils ont inclus 1 441 patients goutteux sous traitement de fond depuis plus de 3 mois. La population incluse était majoritairement masculine, d'âge moyen 64,4 ans. Son analyse relève les éléments suivants : surcharge pondérale (85 %), hypertension (70 %), dyslipidémie (62 %), diabète de type 2 (DT2, 24 %), une association de 3 facteurs de risque vasculaires (HTA, DT2 et dyslipidémie) dans 17 % des cas. Un tabagisme est présent chez 22 % des patients, une insuffisance rénale (10 %), une comorbidité (50 %). Les patients prenaient en moyenne 5 comprimés/jour. L'étude montre que l'objectif thérapeutique est dans près de 60 % des cas non atteint (58,5 % conserve une uricémie > 60 mg/l ; 20 % ne surveillent pas ce taux) et 15 % des patients font 2 accès aigus de goutte par an.
Risques cardiovasculaires
Les principaux facteurs significativement associés à la bonne observance du traitement prescrit pour la goutte (règles hygiéno-diététiques et médicament) sont : l'âge (de plus de 70 ans), l'atteinte de la valeur seuil, le score de satisfaction vis-à-vis du traitement. L'observance diminue avec le nombre de comprimés pris par ailleurs. Utiliser un questionnaire d'évaluation des croyances et un entretien motivationnel facilite la prise de conscience, puis la prise en charge. La crise de goutte est la partie immergée de l'iceberg : les hyperuricémiques sont aussi plus souvent victimes d'événements cardiovasculaires. Chaque augmentation de 10 mg/l du taux d'acide urique élève de 31 % le risque de mortalité à un an des patients dont la coronaropathie est stable. « Les mécanismes physiopathologiques restent à démontrer par des études d'intervention, note le Pr Franck Paganelli, cardiologue (CHU de Marseille), même si le taux de décès intra-hospitaliers au décours ou de complications est à l'évidence augmenté. »
Complications rénales
Le rein, voie d'élimination de l'acide urique, n'est pas épargné. « L'hyperuricémie favorise toutes les autres lithiases, mais aussi la dégradation de la fonction rénale, déjà fragilisée par le vieillissement. » explique le Pr Jean-Pierre Fauvel, néphrologue (Lyon). La réduction des capacités d'élimination de l'acide urique liée à l'insuffisance rénale fait que les patients deviennent de plus en plus hyperuricémiques. « La goutte est une maladie complexe, qui mérite un traitement, observé, pour atteindre la cible thérapeutique et ainsi préserver ces différents organes » résume le Pr Thomas Bardin, rhumatologue à l'hôpital Lariboisière (Paris).
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