Entretien avec le Pr Pascal Claudepierre (Créteil)
LA DÉNOMINATION de ce que l’on appelle aujourd’hui la spondyloarthrite a beaucoup évolué au fil des années : successivement pelvispondylite rhumatismale, spondylarthrite ankylosante puis dans les années 1970 spondylarthropathies englobant dans un même terme des entités voisines, rhumatisme psoriasique, arthrite réactionnelle, arthrite associée aux maladies inflammatoires chroniques intestinales (MICI). En 2009, le groupe international ASAS (assessment of spondyloarthritis international society) a publié de nouveaux critères de classification des spondyloarthritis distinguant des formes axiales et des formes périphériques. « Il est apparu alors nécessaire, explique le Pr Pascal Claudepierre, pour des raisons de communication, de formation, également de prise de prise en charge des malades, de parler un même langage au sein de la communauté francophone en utilisant un vocable qui soit proche du terme anglais spondyloarthritis. Et nous avons opté pour le mot spondyloarthrite, qui, à la différence de celui de spondylarthrite, évite la confusion avec la spondylarthrite ankylosante ». Ce terme désigne donc désormais toutes les affections de la famille des anciennes spondylarthropathies. En accord avec les critères internationaux, ces maladies sont définies par leur phénotype. Le groupe des spondyloarthrites comporte ainsi trois sous-groupes : les spondyloarthrites axiales, les spondyloarthrites périphériques articulaires et les spondyloarthrites périphérique enthésitiques. Au sein du groupe des spondyloarthrites axiales, on distingue les formes radiographiques qui correspondent aux anciennes spondylarthrites ankylosantes et les formes non radiographiques. De même, les spondyloarthrites périphériques articulaires se déclinent en formes érosives et non érosives. La description de l’affection peut être affinée davantage en faisant état des éventuelles manifestations extra-articulaires : psoriasis, maladie de Crohn, rectocolite hémorragique, uvéite antérieure. On caractérisera ainsi, par exemple, une spondyloarthrite axiale radiographique avec psoriasis.
Sur le plan thérapeutique l’ASAS a édicté des recommandations sur l’usage des anti-TNF qui s’appuient sur ses critères de classification. Selon ces recommandations un patient présentant une forme axiale non radiographique peut relever d’un traitement par les anti-TNF. « Chaque pays a ses spécificités concernant l’AMM des produits, leur remboursement etc. mais ces recommandations peuvent servir de base pour la décision thérapeutique », précise le Pr Claudepierre.
Depuis quelques années les spondyloarthrites non radiographiques font l’objet d’études cliniques spécifiques qui ont permis d’en préciser le profil clinique. Ainsi, trois études, deux allemandes et une française sur la cohorte DESIR, portant sur des formes relativement récentes (moins de 3 ans dans la cohorte DESIR et moins de 10 ans dans les séries allemandes) montrent toutes trois de façon concordante que les formes non radiographiques sont équivalentes aux formes radiographiques pour la plupart des critères : le terrain génétique (dont la présence de l’antigène HLA B27), la fréquence des manifestations cliniques rhumatologiques (axiales, périphériques, enthésitiques), celles des manifestations extra-rhumatologiques, l’activité de la maladie mais également son retentissement sur la qualité de vie. Les seules différences sont une CRP plus basse, une inflammation moindre sur l’IRM et un score d’ossification de la colonne mSASSS (modified Stoke Ankylosis Spondylitis Spine Score) plus faible dans les spondyloarthrites non radiographiques. Ces formes similaires aux formes radiographiques doivent donc pouvoir bénéficier des mêmes traitements. Et actuellement tous les anti-TNF font l’objet d’essais dans cette indication. L’efficacité de l’un de ces anti-TNF (l’adalimumab) a déjà été démontrée contre placebo dans l’étude Ability one et a abouti à une extension d’AMM à certaines spondyloarthrites non radiographiques.
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