L’ÉJACULATION PRÉMATURÉE est récemment sortie du domaine des troubles psychologiques. Désormais son traitement ne se limite plus aux thérapeutiques sexologiques mais inclut les anesthésiques locaux et les inhibiteurs de la recapture de la sérotonine d’action rapide.
Trouble sexuel le plus fréquent de l’homme jeune (prévalence de 30 %), l’éjaculation prématurée a longtemps été considérée comme un « désordre psychologique » et dont le traitement ne pouvait être que comportemental. Sa définition était alors « éjaculation survenant après un stimulus sexuel minime, avant ou peu après la pénétration, avant que le sujet ne le souhaite, et cela de manière permanente ou fréquente ». La découverte dans les années 1980 à 2000 de causes biologiques à ce trouble de l’éjaculation a stimulé la recherche clinique et a nécessité une nouvelle définition. Ainsi, la définition actuelle, issue de l’International Society for Sexual Medicine (ISSM) définit l’éjaculation prématurée permanente comme « une éjaculation survenant avant ou dans la première minute de la pénétration vaginale, avec impossibilité pour le sujet de la retarder, et associée à des conséquences personnelles négatives à type de dépression, frustration et conduite d’évitement de l’intimité sexuelle ».
Un déséquilibre entre HT1A et HT1B.
Sur un plan physiologique, il apparaît que le mécanisme de l’éjaculation prématurée est lié à un déséquilibre entre les activités des récepteurs sérotoninergiques HT1A et HT1B, d’où l’intérêt d’utiliser des inhibiteurs spécifiques de la recapture de la sérotonine ou des anti-dépresseurs tricycliques. Ces molécules ont démontré un allongement du temps de latence intra-vaginal (TLIV) mais nécessite une utilisation quotidienne pour une affection qui n’est qu’occasionnelle. La recherche s’est donc orientée vers la découverte d’un inhibiteur de la recapture de sérotonine à action rapide et demi-vie courte pouvant être prescrit à la demande, comme un IPDE-5.
La dapoxétine répond à ces critères et a été évaluée en phase III chez 618 hommes de 22 pays. Elle a permis d’allonger un TLIV de 0,9 minutes à l’inclusion jusqu’à 3,2 minutes, valeur significativement supérieure à celle obtenue avec le placebo (p < 0,001), après 12 à 24 semaines de traitement avec des effets secondaires modérés (nausées, céphalées). Dans une autre étude, l’allongement du TLIV s’accompagne d’une amélioration des scores de « dépression » et de « difficultés interpersonnelles ». La dapoxétine a obtenu une autorisation de mise sur le marché dans divers pays européens, mais pas encore en France, où l’on continue d’utiliser paroxétine et fluoxétine hors AMM dans cette indication.
En dehors de la voie sérotoninergique existent toutefois d’autres mesures thérapeutiques, telles que les techniques sexologiques de « stop and go » ou de « squeeze ». D’autres voies pharmacologiques sont aussi en cours d’exploration : utilisation d’alpha bloqueur, utilisation d’antagonistes de l’ocytocine, utilisation d’IPDE-5 (si une dysfonction érectile coexiste). Enfin, la pulvérisation d’un mélange anesthésique adapté peut permettre d’allonger le TLIV de 4 minutes en moyenne.
Entretiens de Bichat. D’après la communication du Dr R.O. Fourcade (Centre Hospitalier d’Auxerre).
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