La santé en librairie
DE 25 À 35 % DES FEMMES n’ont jamais ou quasiment jamais d’orgasme pendant les rapports sexuels. Certaines en ont plusieurs. Quelques-unes en ont sans le savoir. Certaines l’ont découvert dans l’enfance, par la masturbation, d’autres attendent la post-ménopause pour connaître cette expérience. La recherche du plaisir sexuel féminin est inégale d’une civilisation et d’une culture à l’autre, d’une époque à l’autre, plus rarement négligée voire reléguée aux oubliettes que favorisée, quand elle ne relève pas d’un modèle normatif comme dans la théorie freudienne. Si les connaissances dans le domaine progressent, beaucoup reste à faire et chaque femme, ou presque, est différente expliquent les auteurs.
Un continent peu exploré.
L’ouvrage aborde les notions anatomiques sur le rôle du clitoris dans les circuits du plaisir féminin, longtemps méconnues, les débats récents sur le fameux « point G » ou sur la « prostate féminine », comme les connaissances sur le câblage cérébral des émotions, et fourmille d’anecdotes curieuses dans le domaine de l’expérience animale, de l’ethnographie ou de l’expérimentation médicale de quelques pionniers de la sexologie. Avant de donner la parole aux 300 femmes ayant répondu à l’enquête (mise en ligne sur le site Internet d’Élisa Brune), sur l’orgasme tel qu’il est vécu, sur le plaisir féminin abordé non d’un point de vue relationnel ou psychologique mais exclusivement technique.
S’agissant de femmes ayant spontanément répondu à un questionnaire (très) détaillé, donc forcément intéressées par le sujet et ayant une vie sexuelle active, les réponses ne prétendent pas être le reflet de ce que vit la moyenne des femmes mais constituent néanmoins un formidable moyen d’approche de l’intimité et du rapport au corps orgasmique, soulignent les auteurs. La richesse et la diversité des réponses sont en effet surprenantes, des moyens d’atteindre l’orgasme à ses manifestations physiques, en passant par sa possible simulation, sa fréquence, sa découverte, les techniques de masturbation, l’expérience du point G, des orgasmes multiples ou de l’éjaculation féminine.
Ce voyage au cœur de l’intimité féminine semble confirmer l’idée que l’orgasme féminin ne peut être considéré comme « naturel », « instinctif » ou « automatique » mais qu’il s’agit bien d’une potentialité qui doit être activée et développée. Par les femmes elles-mêmes d’abord, expliquent Élisa Brune et Yves Ferroul, à qui il revient (aussi) d’assumer leur sexualité, à apprendre à se connaître, à aider leurs partenaires à les découvrir, ce que la révolution sexuelle des années soixante-dix, bizarrement, n’a pas toujours favorisé.
Il n’est jamais trop tard pour apprendre.
Une grande variabilité anatomique et génétique, associée à une non moins grande variabilité dans l’initiation de chaque femme au « plaisir caché dans ses organes » fait que le fonctionnement sexuel des femmes est extrêmement diversifié. Plus que chez les hommes. Il y a donc presque autant d’orgasmes féminins qu’il y a de femmes, même si l’on peut relever quelques constantes physiologiques que les auteurs décrivent en détail. Il n’empêche, le sexe féminin est un peu comme un instrument de musique, pour en jouer harmonieusement, il faut apprendre à s’en servir. Il n’est d’ailleurs jamais trop tard, comme l’attestent les témoignages de découverte de l’orgasme chez des femmes de 80 ans, nous disent Élisa Brune et Yves Ferroul.
« Quand les femmes commencent à laisser parler leur désir, quand elles cessent d’avoir peur de ce qu’elles expriment, c’est comme une prison qui s’ouvre », écrivent-ils. La femme devenant pour son partenaire une « interlocutrice à part entière », les défauts de communication, source de pérennisation des malentendus, ont enfin une chance de disparaître. Au bénéfice de tout le monde, car l’orgasme, tout le monde en convient, c’est bon pour la santé !
Élisa Brune, Yves Ferroul, « le Secret des femmes - Voyage au cœur du plaisir et de la jouissance », Odile Jacob, 318 pages, 20,90 euros.
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