« La faisabilité de la chirurgie ambulatoire de l’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) est clairement démontrée », soutient le Pr Grégoire Robert (Bordeaux). Cette approche a été favorisée par le développement de la chirurgie laser, qui s’est bien implantée en France. Et pourtant, l’ambulatoire reste très en retrait par rapport à l’hospitalisation classique, encore majoritairement proposée dans les centres français. Selon des données non encore consolidées, en 2017, la durée moyenne de séjour était de près de 4,8 jours sans recours au laser et de 3,3 jours en cas d’utilisation du laser. Et sur près de 73 000 séjours au total, seuls 1 500 environ étaient en ambulatoire.
Comme l’explique le Pr Robert, « il ne s’agit pas d’un frein économique, puisque le laser a un surcoût, et que cette technique n’est finalement rentable que si elle est réalisée en ambulatoire ». Il ne s’agit pas non plus de freins médicaux. La taille de la prostate n’est pas un facteur limitant, pas plus que la prise d’anticoagulants ou d’antiagrégants plaquettaires. La majorité des patients, y compris ceux ayant quelques comorbidités, peuvent bénéficier d’une chirurgie en ambulatoire. Les enquêtes de satisfaction montrent par ailleurs que les patients sont très satisfaits, même s’ils ont présenté des complications et ont dû être réhospitalisés. « La qualité de l’information délivrée avant le geste permet de rassurer les patients, qui ne sont pas surpris en cas de survenue d’une complication, et connaissent la marche à suivre », souligne le Pr Robert.
Pour que l’ambulatoire se développe, il faut donc que les équipes changent leurs habitudes. Le travail de réorganisation initial est largement compensé par le gain de temps au quotidien dans la gestion des patients, car de nombreuses tâches sont externalisées. « L’expérience au CHU de Bordeaux, où plus de 50 % des patients opérés pour une HBP sont hospitalisés en ambulatoire, le confirme », rapporte le spécialiste.
Le déploiement de nouveaux outils de télémédecine et d’aide à la surveillance devrait également faciliter la diffusion de l’ambulatoire. La plupart des services vont pouvoir utiliser ces solutions, qui permettent par exemple de déclencher des alertes automatiques et simplifient aussi le contrôle préopératoire : plus besoin de vérifier que le patient a bien fait l’examen cytobactériologique des urines, qu’il a arrêté le cas échéant certains traitements, et qu’un taxi est prévu à la sortie. Plusieurs fournisseurs ont développé ce type de solutions.
D’après un entretien avec le Pr Grégoire Robert, CHU de Bordeaux
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